GAZ NEWTON, Loveheroin, revivre les 90’s
Deuxième album de Gaz Newton (déjà disponible)
Nous sommes des ados des années 90. Eh oui, c’est comme ça ! Nous n’avons pas eu la chance de naître en 50 et d’avoir pu bénéficier de toute la période incroyablement stimulante, musicalement parlant, des années 60-70. Nous, on a profité des années 90. Certains diraient que cette décennie était parmi les pires, musicalement parlant, nous leur répondons d’une part que les pires étaient les 80’s, d’autre part on leur dira simplement Nirvana, Pavement, Guns N ‘Roses, Oasis, Blur, un reste de Pixies aussi, plus quelques autres genre Supergrass, Pulp, Noir désir (Tostaky est sorti en 92) etc. Alors quand un type se pointe et nous refait l’intégrale de nos années collège+lycée,forcément, on devient barjot. Surtout quand le type en question, Gaz Newton (un patronyme évoquant forcément celui du leader des feux Supergrass Gaz Coombles), ne se contente pas de singer les aînés mais de proposer sa propre vision de ces années qui ont façonné les adultes que nous sommes aujourd’hui.
Alors sa musique possède un côté absolument jouissif. Nous allons essayer de rester dans la limite du raisonnable, de ne pas nous emballer outre mesure, honnêteté journalistique oblige (mon cul !). Non, on va en parler avec toute la passion qui nous habite parce que Loveheroin possède ce truc dingue de nous rappeler nos adolescences tout en satisfaisant les adultes que nous sommes devenus, sans les flatter dans le mauvais sens du poil, c’est-à-dire sans proposer de reprises merdiques et sans se la jouer, sans poser (bon ok, un petit côté branleur comme on aime quand même réside dans sa voix).
Comme de la brit grunge.
Cet album se trouve au parfait croisement entre la britpop et le grunge, le tout à la sauce rock indé propre à l’époque. De l’une, Gaz Newton ressuscite la fulgurance des mélodies, catchy, immédiatement mémorisables, susceptibles d’être reprises en choeur (le bien nommé Asshole), de l’autre la rugosité des guitares et l’impact de rythmiques bien plombées comme il faut. Ce mélange entre légèreté et lourdeur donne une dynamique abrasive à cet album sans temps mort.
Parce qu’il faut bien l’avouer, Gaz Newton est malin est alterne les plaisirs, les tempos, les influences. Ici Pavement (The silence, Colorado), ici un reste les Pixies (City song), du Placebo à droite à gauche (au début, quand ce n’était pas encore à chier), un spectre post punk (The river, Mustango), du rock à la Strokes (Colorado), bref, on ne s’ennuie pas une seule seconde sur cet opus. Tout n’est pas du simple fait de Gaz Newton, on vous l’avoue. Il a été aidé, dans cette entreprise insensée de nous replonger dans notre passé, par Pamela Hutte (en sa qualité de productrice notamment).
Le son est absolument parfait, totalement en phase avec notre époque sans pour autant dénaturer celle de notre passé pas si lointain. Dire que nous nous y retrouvons est un délicieux euphémisme puisque nous sommes pile dans l’insouciance et les rêves de gamins encore réalisables (la fête se termina avec les années 2000 et ça continue encore et encore)…
Une présence folle.
Nous n’allons pas vous faire l’affront de décrire la musique de Loveheroin. Elle est simplement pleine d’une pulsion adolescente, celle des boutons d’acné qu’on éclatait au visage des adultes, justement, pour les faire enrager, celle du doigt levé face à la rigueur des normes (ils sont passés où les ados qui fuckent les règles sanitaires?). Dit autrement, ça donne une musique toute en tension qui, si elle n’est pas définie par le rythme l’est par les intonations de voix et une aura qu’on imagine à mi chemin entre l’aspect blasé et celui vindicatif de tout jeune se respectant à l’heure ou internet n’existait pas encore (il babillait tout juste).
Il y a de la vie dans Loveheroin, de l’amour, du sexe. C’est moite, excitant, nerveux, romantique, arrogant, mais toujours dans le bon tempo, dans la bonne mentalité. Rien n’est forcé, dégage un naturel déconcertant, qui fait du bien par où il passe. Pas mal d’indications circulent dans la voix de Gaz Newton qui se trouve être en totale adéquation avec la musique qu’elle sert. Son timbre est simplement parfait pour l’exercice, à la fois adulte et adolescent, à la fois amer et naïf, ce qui fonctionne à plein régime.
Des compositions surprenantes.
Malgré tout ce que la musique que Loveheroin rappelle à notre souvenir, les compositions ne manquent jamais de nous surprendre. En effet, elles restent, malgré tout le respect de son géniteur, originale et d’actualité. Un titre comme Asshole avec l’apparition de ses distorsions fait son effet, les paroles de City song possèdent ce petit aspect provoquant qui fait un bien fou. Dans le même ordre, nous ne pouvons que saluer le génie de Newton pour les refrains qui déchirent, un peu à la manière de ceux d’Oasis (et on ne dit pas ça parce qu’on vous parle très vite de l’essai sur les frangins Gallagher).
Ainsi, c’est un album passionné et passionnant d’un type qui a su synthétiser l’esprit des nineties en la transposant avec brio dans les années 2020, comme si tout cela était simplement normal et facile. En tout cas le dépaysement sonore est total et on est presque surpris, en sortant, de ne pas voir de gonze en baggy dans les rues. Excellent !
Le titre de Loveheroin.
Aïe aïe aïe… Dilemme que de choisir le titre qui représente le mieux le disque selon nous. Ou qu’on doive choisir son maillon faible tout autant. Dans un cas comme dans l’autre, nous restons dans le flou. Tous méritent le titre tant convoité de morceau de l’album. Mais il ne peut y en avoir qu’un. Pfff.. Mustango ? The Silence ? The river ? Allez, on opte pour celui-ci puisque nous avons une vidéo à vous montrer sur ce titre mais, et nous serons plus objectifs là-dessus, cet album ne souffre d’aucun point faible. Alors ce titre mis en avant l’est simplement pour la parade. Très grand disque !