MARTIN LUMINET, Monstre, introspection poético pop.
Premier EP Monstre.
Un coup de cœur qui se transforme en révélation. Nous avions flashé sur le single de Martin Luminet, Monde, il y a quelque temps et nous avons depuis eu le temps d’apprécier à sa juste valeur son nouvel EP, Monstre, qui nous démontre que le talent d’écriture du musicien n’était pas un coup de chance, un one shot. En cinq titres dans lesquels Martin Luminet met à nu son narrateur, nous sommes rétamés par la capacité de l’artiste à explorer sa psyché, à nous emmener avec lui dans les méandres de sa pensée. Intime. Universel. Tout se mêle et délivre un portrait sensible sur fond de pop lumineuse, n’ayant rien à envier à certains ego trips chers aux hip-hop, version romantisme torturé.
Martin Lumiet ne joue par contre pas les gros bras, ne joue pas à celui qui a la plus grosse. Il la joue profil bas, gammes mineures pour auteur majeur. La voix fait mouche, instantanément, en se situant quelque part entre spoken world, phrasé hip-hop et chant (relativement) minimaliste. Pas d’envolées lyriques, on pense, dans le timbre, à Etienne Daho. Mais avec une voix plus grave, avec cet espèce de petit souffle donnant l’impression que l’auteur chuchote au creux de notre l’oreille.
Comme Daho, nous retrouvons une pop très stylisée, hyper efficace, jouant avec les codes actuels du genre (à comprendre avec un apport pas négligeable d’électronique) sans pour autant que celle-ci ne repose que sur des artifices clinquants et à la mode. La personnalité du musicien étant un (gros) cran au-dessus de la masse grouillante des suiveurs (le plaçant, à notre avis, dans la catégorie de ceux que l’on suit).
Textes pudiques.
Si la pop de Monstre nous délivre son petit frisson (à chaque écoute de Monde, une boule se forme au niveau de notre plexus solaire et remonte à la lisière de nos cils), les textes sont un déluge de trouvailles permettant à Martin Luminet de poser un regard pudique sur les errements de l’être humain, qu’ils soient propres à sa psyché, à ses tourments intérieurs, qu’à sa conception (et réalisation) d’un monde qui court à sa perte par peur d’action, par peur d’humanité collective. Le constat n’est pas alarmiste, il est simplement désespéré, mais enrobé d’une poésie incroyable, qui fait du bien à l’âme, qui met aussi du baume au cœur.
Ainsi, nous ne nous sentons pas seuls. Peut-être bien que Luminet est un porte-voix de notre conscience. Forcément, comme ses constats s’harmonisent avec les nôtres, difficiles de penser ou de dire qu’il est dans l’erreur. Objectivement pourtant, nous ne pouvons que constater qu’il décrypte avec une acuité aiguisée ce mal-être qui tourmente ceux qui se sentent à la marge parce que un peu bizarres, un peu cabossés, un peu trop sensibles (mais peut-on l’être trop sans que cela ne soit signe de faiblesse).
Monstre est une démonstration en 5 preuves d’un talent magnifique. Le lyonnais nous fait un gros effet et nous touche au coeur. Son monde et le notre se croisent, se fusionnent, monde où l’amour reste ce sentiment important autour duquel tout s’articule. En deux mots : très réussi.