[ALBUM] THE RADIOACTIVE, Last generation // le rock d’après
Deuxième album déjà disponible sur les plateformes.
Ne vous fiez pas à l’introduction de Last generation, elle est trompeuse. En effet, tel un prélude classique, un fulgurant arpège de piano se fait entendre. Classe, la grande classe. Mais à la fin de The Moon is dark, la fameuse intro, un sentiment inquiétant vient souffler sur la magie du thème. Comme une sirène anti-aérienne, ou comme une autre qui nous intimerait de rester, je ne sais pas, confinés chez nous par exemple, la dégradation devient ultra présente et cède la place, lors du passage au deuxième titre, à une furie rock comme nous les aimons tant.
Fini le piano, c’est guitare basse batterie et chant qui prenne le relai. Le piano, comme un gimmick, reviendra, comme pour nous apaiser les tympans de cette fureur à haute teneur en décibels. Mais pour le reste, les Parisiens nous font plaisir. Car si le déferlement survient sur Release your rage (superbement mis en images), le groupe est bien plus nuancé qu’il pourrait y paraître de second abord (ben oui, le premier était piano classique quand même).
Des influences diverses.
Bon, The radioactive, c’est du rock, on ne va pas chipoter. Mais, parce qu’il faut des mais, le groupe nuance son propos d’incartades pianistiques, d’autres presque cabaret, de blues, forcément, et d’un esprit bien punk comme on les aime. Celui-ci pourrait se traduire par une joie de jouer de la musique en s’en foutant de la case dans laquelle elle sera rangée. On pense à divers groupes, comme les Arctic Monkeys (pour la morgue anglaise), comme System of a down (pour des choeurs semblant provenir d’Arménie ou dont ne sait pas où), à des groupes post-punk comme il en fleurit un peu partout, à des groupes punk tout court d’ailleurs.
La musique, sur Last generation, oscille entre énergie débridée et mélodies accrocheuses. Le moins que nous puissions dire, c’est que tout est savamment dosé, tout comme la tracklist qui surprend mais ne joue pas pour autant les grands écarts. Le disque s’écoute donc sans perdre en cohérence, mais en sachant nous prendre parfois à contre-pied. Les compositions sont de très bonnes tenues, servies par un chant (en anglais), absolument impeccable. Nous nous trouvons donc à deux doigts de croire le groupe issu d’une scène londonienne par exemple. Sauf que non.
Une production sobre.
Un autre point qui compte, c’est cette production sobre qui ne joue pas la surenchère d’effets. La voix en est quasiment dépouillée (et c’est fort bien ainsi, puisqu’elle est impeccable). Les guitares, basse et batterie sont elles aussi peu modifiées, si ce n’est sous l’effet de leurs pédales respectives. Seuls les choeurs bénéficient d’un traitement particulier qui leur donne un vrai corps, une vraie présence (souvent dévastatrice). La production n’est pas froide, elle est juste à bonne température, à savoir rock, sans surjouer la chose. Nous sommes plutôt fans de ce juste-milieu, d’autant plus que le groupe, avec son énergie, réussi à faire grimper de 3 ou 4 degrés celle-ci. Elle en vient donc aisément à nous porter à ébullition.
Le mix est chose importante, et The Radioactive l’a très bien compris puisqu’il place tout le monde sur un pied d’égalité. Ou presque. La voix est effectivement légèrement en avant, la batterie légèrement en arrière des guitares et basse. Une nouvelle fois, cela sert le propos à merveille, ne dénature en rien la spécificité du groupe, à savoir celle de produire un rock de très belle facture.
Un souffle de vie.
Last generation est un souffle de vie, un cri de révolte contre la morosité ambiante. Le groupe, qui a pour particularité d’être explosif sur scène, doit se sentir un peu triste en ce moment. Pourtant cela n’affecte nullement sa fougue, son esprit de joyeuse rébellion. Et c’est cela, en fait, qui nous botte tant, ce doigt, le majeur, dressé bien droit vers le ciel pour dire, simplement, fuck la grisaille et les restrictions sanitaires.
Si nous devions émettre un petit bémol, il serait celui-ci : nous pensons que The Radioactive a tout pour lui et qu’un chant en français nous paraît être à leur portée. En tout cas, nous rêverions d’entendre un titre comme Sometimes dans notre langue. Mais ne faisons pas la fine bouche, le groupe nous procure tant de plaisir avec ses dix pistes que l’on passe aisément sur ce détail.
Nous n’attendons plus qu’une chose désormais, voir les bars et scènes rouvrir et nous précipiter à un show du groupe ! Parce que, merde, ça nous manque et qu’un groupe comme The Radioactive mérite d’être vu dans le bouillonnement d’un troquet ou d’un club !
LE titre de Last generation.
À mi-parcours du disque se place Drift in the wind. Arpège de guitare folk, grand espace pour un titre paraissant pourtant très intimiste, évoquant parfois Ennio Morricone, il n’en faut pas plus pour nous retourner la tête ! La voix est superbement travaillée, très bien mise en valeur par un choix de la placer en retrait lorsque le côté épique se déploie (un peu comme si le chanteur venait à se mettre en retrait de sa propre existence). Celui-ci s’effectue par l’apparition de choeurs somptueux, et d’effets cordes du même tonneau.
Ce titre, le plus apaisé de l’album, tout en développant néanmoins un aspect rock, tranche avec les autres titres mais nous semble parfaitement pertinent dans cet univers qui révèle donc bien des surprises.
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