SUPERfreak, Explain to me your meme // La sémiotique pour les nuls.
Explain to me, nouvel album de SUPERfreak (disponible chez Lepers Production)
Nous vous prévenons de suite, il n’est ni question de pattes d’Eph lamé argent, ni du tube disco de Rick James qui vous a fait vous trémousser au mariage de votre cousin Patrick. Et il est encore moins question de parler de votre grand-mère. (Devons-nous expliquer la blague, si oui, c’est qu’elle est ratée). Mesdames et Messieurs, LITZIC a l’immense plaisir de vous présenter SUPERfreak et son dernier album Explain to me your meme. Derrière SUPERfreak se cache Giuseppe Laricchia, originaire la ville de Bari, dans la région des Pouilles, dans le talon de la santiag italienne. Rien que d’y penser, nous nous imaginons en bord de mer, l’Adriatique et son air iodé, une assiette d’Orecchiette alla cime di rapa, un verre de Negroamaro à la main, la Dolce Vita.. Oups. Désolé, nous nous égarons, une envie de vacances certainement.
La sémiotique, quésaco?
Giuseppe Laricchia, donc. Cet homme, ne vous dit certainement rien, cependant, il n’est pas homme à rester bras ballants, il officie au sein de plusieurs groupes et projets tels que Centauri, Bokassà, Arabia Saudade ou encore Gli Putridissimi. Mais c’est avec SUPERfreak, son projet solo, que notre italien s’exprime le plus librement selon ses envies et c’est sous ce nom que notre apulien (Habitant des Pouilles) a déjà sorti les albums I don’t even try (2005), Love Or Diet (2006), et Top Evidences against Evolution (2012). Giuseppe est également membre fondateur du label italien Lepers Productions dont l’accroche est la suivante “We are the best free net label in the world!!! We share ugly music and diseases you always dreamed of since 2500 b.c.”. Nous vous invitons vivement à y faire un tour et découvrir plusieurs artistes qui pourraient à coup sûr vous surprendre.
Le leader de SUPERfreak est également diplômé en sciences de la Communication, puis s’est ensuite spécialisé dans le domaine de la sémiotique à l’université de Bologne. Après de scrupuleuses recherches, nous avons relevé que l’écrivain Umberto Eco, titulaire de la chaire sémiotique a exercé en tant que Professeur Émérite à l’université de Bologne. La sémiotique, quésaco? Pourquoi nous vous parlons de tout ça? N’étant pas spécialiste, nous pouvons modestement vous décrire la sémiotique comme étant l’étude des signes, des systèmes de signes et de leur signification. Un signe au sens large pouvant être un mot, un geste, un son, un concept, des images ou encore des pensées. Et c’est à partir de cette idée que le dernier opus de SUPERfreak est né, avec comme thème principal les mèmes.
Fantasques, extravagants
Les mèmes, quesaco? C’est « un élément de langage reconnaissable et transmis par répétition d’un individu à d’autres ». Aujourd’hui, nous voyons apparaître les mèmes internet. Si si, vous savez, toutes ces vidéos, photos ou GIF qui pullulent sur le net. La dernière en date étant la photo de Bernie Sanders assis tout emmitouflé à l’investiture de Joe Biden, et qui a été détournée maintes et maintes fois. Explain to me your meme traite de manière ironique de la viralité et du phénomène de ses mèmes à l’ère numérique. SUPERfreak dévoile dix titres fantasques, extravagants où se conjuguent doctrines et théories littéraires le tout sur une musique rocambolesque.
Ici peu de guitare, néanmoins une grande importance est donnée aux claviers, au saxophone de Andrea Caprara et à la batterie jazzy de Jacopo Fiore. La preuve avec Aluxinante, titre azimuté à mi chemin entre fanfare et chorale délurée. Les chansons de SUPERfreak sonnent parfois comme des comptines pour enfants tout en utilisant un vocabulaire totalement inapproprié pour des chérubins comme sur le titre Bargain that Sign Again ou Phatic Function où la voix transformée, nous rappelle celle de l’artiste Connan Mockasin, et où la répétition du dernier couplet, à coup de banjo, prend un air absurde. Le fabuleux Semiotic Square, qui clôt l’album, sonne comme une boîte à musique désarticulée où la voix de Giuseppe monte dans les aiguës.
Un va-et-vient sonore
Le narrateur à la recherche de la solution à sa formule S1 – [(S1 – O) and (S2 – O) ne saurait que trop rappeler le dément Philippe Katerine, le tout sur un brouhaha d’instruments discordants. Sur le titre Explain to me your meme, le clavier et le saxophone se donnent le change pendant que le narrateur s’interroge sur la signification de certains mèmes et de leurs redondances (isotopie). SUPERfreak n’hésite pas à citer certains théoriciens littéraires comme le belge Gérard Genette sur le tapageur Author is a paratext too ou encore le linguiste américain Thomas Sebeok à l’humour incompris sur le morceau Sebeok Jokes. Estrangeiro est un va-et-vient sonore tantôt apaisé avec une guitare au son métallique et un saxophone jazzy, tantôt avec une guitare au son poisseux et noisy accompagnée d’une chorale acariâtre.
Notre illuminé Giuseppe attire notre attention sur l’importance des symboles au sein des diverses sociétés secrètes conspirationnistes telles que les Illuminati et l’œil de la providence. Dans ce morceau au titre ironique Illuminati Guys You’re Missing a Member, SUPERfreak fait référence à une théorie assez farfelue, celle des partisans de la Terre Creuse (Agarthi), selon laquelle un royaume souterrain relierait tous les continents de la Terre par l’intermédiaire d’un vaste réseau de galeries et de tunnels. Vous l’aurez compris Explain to me your meme n’est pas juste de la musique. A travers cet album Giuseppe Laricchia vulgarise la sémiotique qu’il affectionne et nous en ouvre les portes. Certes la sémiotique ne semble pas très sexy au premier abord, cependant, Giuseppe arrive à la rendre rock’n’roll, avec un bon cocktail de folie et d’absurde.
Avec son album SUPERfreak réussi son pari à savoir, nous faire passer un bon moment de déconnade tout en se cultivant. Si nous devions qualifier Giuseppe, il serait un condensé de Charles S. Peirce (Fondateur de la sémiotique), de Frank Zappa, et de Philippe Katerine Bref, un sacré phénomène !!!
LGH
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LGH
(Le Gosse hélicoptère) j’adore découvrir de nouveaux artistes encore inconnus du grand public
et chercher ceux qui dans le passé ont fait ce qu’est la musique aujourd’hui.
La musique m’accompagne en permanence et tient une place primordiale dans ma vie.
Mon maître-mot est l’éclectisme même si mon cœur balance pour le rock sous toutes
ces formes. J’affectionne également la littérature et plus particulièrement la littérature
anglo-américaine (Bret Easton Ellis, Don Delillo, Jonathan Franzen,…).
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