[ALBUM] BALBEC, Identités remarquables // comme une seconde peau.
Identité remarquables, nouvel album de Balbec.
Le nom de ce nouvel album de Balbec (le premier en 7 ans et après un changement de personnel) porte absolument bien son nom puisque le groupe possède une identité remarquable. Celle-ci, collision entre math rock/post rock/esprit punk/noise propose huit titres à l’incandescence lumineuse et à la poésie engagée.
Il convient déjà de préciser que le disque demande un peu d’implication. Une écoute passive ne délivrera pas tous les secrets de cet LP qui laisse sur nous une empreinte indélébile. Et ce pour plusieurs très bonnes raisons.
Douce brutalité.
Identités remarquables, c’est une ambivalence. Elle s’exprime par ce mélange entre douceur et violence, aspects lyriques et punk, mélodies accrocheuses et lignes de chant tortueuses, choeurs aériens et musique viscérale. Tout cet ensemble colle comme une seconde peau à Balbec. Jamais nous ne sentons de pause, d’intellectualisation puante, mais plus un cri, primal, d’exprimer de manière brute, mais le plus juste possible, et beau aussi (quoi que signifie ce terme), ce qui croupit au fond de nos entrailles.
Alors, sur des guitares claires se posent des arpèges limpides. Sur celles qui sont distordues, c’est le brasier qui surgit et consume tout. La passion est au rendez-vous, celle d’un groupe qui fait plaisir à entendre. Car il suit son identité au plus près de sa ligne d’équilibre, équilibre qui ne doit pas (jamais) faire le choix entre pureté de la mélodie et explosion abrasive. C’est donc une pure déflagration, ou a contrario une détente brusque, qui nous attaque au jarret dès que nous nous y attendons le moins, et c’est jouissif.
Chant habité.
Ce qui surprend d’emblée, c’est ce chant, en Français, qui est autant vindicatif dans son impulsion qu’il peut paraître lyrique. Il n’est pas toujours juste. Et c’est tant mieux. Parce qu’il est utilisé comme un outil qui, lui aussi, véhicule la passion d’un propos. Le premier titre, Bilboquet, L’ire est mon étendard ou bien encore L’érosion des sentiments sont autant d’éructations qui nous prennent à témoin, nous demandent une réaction. Le spoken word est démentiel sur la plupart des titres de l’album, il nous prend au tripes, comme ces stridences électriques en sous-marin (parce que nous sommes focalisés sur la présence vocale charismatique qui littéralement dévore le reste, quand bien même le mix est impeccable). Quand le chant est privilégié, il est impeccable, dans ses lignes, dans la façon dont il peut être posé (toujours avec un petit truc « imparfait » qui pimente la chose).
Les textes sont un constat, une impression, un ressentis exposé sans pudeur, sans tabou, une révolte intérieure autant qu’extérieure. Il y a de la rage de l’amour de la vie de la mort et puis de tout et puis de rien. C’est à l’image de l’existence, un questionnement sans réponse, une délivrance dans certains moments obscurs, une expression pour l’expression et une forme de vérité , aussi. Autant dire que cela nous retourne la tête et qu’il faudrait bien plus d’écoute pour étudier la poésie de Balbec dans ses moindres recoins et « non-explicitement-dits ».
Lessivés.
On ressort lessivé d’une telle écoute. Car Identités remarquables demande du corps, demande une implication réelle. Ce disque n’est pas une énième psalmodie sans corps, sans âme (ce qui ne lessive pas), mais une vraie plongée en apnée dans la psyché d’un groupe qui revit. Nous dirions que s’il nous faut attendre 7 nouvelles années pour entendre un nouveau disque de ce genre, nous sommes prêts à patienter.
Le résultat de cette attente peut se traduire de façon totalement immersive et subjuguante comme pour ce nouvel album de Balbec. Une œuvre qu’il convient de placer face ) des oreilles averties et des cœurs solides car nous avons un peu l’impression de nous retrouver dans un grand huit tant nos émotions font le yoyo entre des hauts et des bas saisissants. Forcément, ça lessive. Mais surtout, oh oui surtout, ça réveille les morts et cette impression d’être sur pause depuis le mois de mars. Salutaire !
LE titre d’Identités remarquables.
Nous avons un coup de cœur pour L’ivresse des diktats. Parce que c’est un tourbillon qui nous entraîne loin. La voix féminine sert de contrepoint à la voix masculine, apporte, dans les choeurs, une certaine lumière tandis que le chant « révolutionnaire » masculin, sur le couplet, déroule des revendications/constats citoyennes. Sur le refrain, la voix féminine prend la parole, mais dans une forme shoegaze dont on ne perçoit pas avec exactitude les paroles, mais juste une essence mélancolique (là où elle était enjouée sur les choeurs des couplets).
Musicalement, tout est en tension, en spirales sinusoïdales, en vrille qui retournent les sens. On est pris au ventre, sans pour autant que ce titre soit le plus « violent » de l’album. Mais l’intensité y est telle que nous perdons contact avec toute forme de réalité tangible. C’est essoufflé que nous passons au titre suivant, Au sommet de la gloire, seul titre où apparaît un saxo free époustouflant. Mais notre préférence ne change pas de camp pour autant.
On pense à Namdose
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