[ ROMAN JEUNESSE ] MIDO, Mut-Muk, accepter la différence.

Mut-muk, ode à la tolérance et à l’acceptation de la différence par Mido (aux éditions Ex Aequo).

Après les contes de Noël, un nouveau conte. Dans celui-ci, une jeune fille fait la connaissance d’un étrange personnage. Très vite, ils deviennent inséparables et la fillette présente ce personnage à Caroline, sa poupée, et à Vieux nounours, son ours en peluche. Ode à la tolérance et à l’acceptation de la différence, Mut-muk nous charme par sa justesse.

Nous ne savons pas comment Mido s’y prend à chaque fois, mais elle possède ce pouvoir magique de faire vibrer la corde sensible sans en faire des tonnes. C’est une fois encore le cas avec Mut-Muk, drôle de personnage, dont on ne sait pas vraiment s’il est un petit garçon ou un être imaginaire, rejeté de tous car il n’est pas comme tout le monde.

Un sujet rabâché mais…

Ce sujet, vous le savez, est ultra rabâché et ultra présent dans l’univers des enfants. Prenez le cas d’Elmer, l’éléphant bariolé qui aimerait être semblable aux autres éléphants. Un exemple parmi tant d’autres qui fait que cette trame, usée jusqu’à la corde, pourrait paraître de trop cette fois-ci. Mais il n’en est rien, pour plusieurs raisons. La première, c’est que la petite fille va subir une opération suite à une tâche apparue sur son tibia. Elle a peur de ce qui va se produire, peur de ne pas pouvoir remarcher tout de suite… Et elle fait la connaissance de Mut-Muk, avec sa drôle de figure et ses yeux rouges exempts de toute joie.

Cette fillette écrit. Elle raconte des histoires à ses poupées (« oui, je sais, Nounours n’est pas une poupée mais bien une vieille peluche. Il s’en moque de toute façon que je l’englobe avec mes poupées »), et la rencontre avec Mut-Muk va lui permettre d’en raconter une nouvelle, même si au début leur relation s’avère délicate.

Un être rejeté.

Ce petit personnage est en effet rejeté de tous, à cause de son apparence. S’ensuit un long dialogue entre ce petit être et cette fillette, et entre Mut-Muk et les autres poupées. Petit à petit, il se livre, et petit à petit, nous nous rendons aussi compte que la jeune fille évoque elle aussi ses tourments. Tout cela reste léger, ou du moins rien n’est plombant car Mido sait mettre des points de suspension plutôt que de trop en dire. Ainsi,nous sommes toujours baignés dans un univers enfantin, sans bascule dans un pathos qui ne conviendrait sans doute pas à un jeune public.

Le livre lui est néanmoins adressé. Ou, peut-être pas tant que ça. Nous nous expliquons : un enfant ne connaît pas le racisme tant qu’un adulte ne lui a pas dit qu’un noir est différent. Un enfant ne tient pas compte du handicap tant qu’on ne lui a pas dit « sois prudent avec lui/elle, tu pourrais le/la blesser ». C’est véritablement le regard de l’adulte qui influe sur celui de l’enfant et lui inculque la notion de différence. En ce sens, les parents qui souhaiteraient offrir ce court roman (66 pages) pourraient fort bien se reconnecter avec une part de réel.

Des personnages attachants… comme des enfants.

L’un des points forts de Mido, et nous en avons parlé dans la chronique de 1, 2, 3… Noël ! c’est cette faculté que possède Mido à être dans le bon dosage. La psychologie de la fillette et de Mut-Muk se développe lentement, sans en dire trop et ainsi favoriser le travail d’imagination. De la même façon, nous ressentons de l’empathie pour eux tant leur portrait, en pointillé, correspond de près ou de loin à celui d’un gamin de notre entourage (un membre de notre famille, un jeune voisin, peu importe). Cela nous aide à nous identifier aux personnages et à l’histoire.

Et enfin, ce n’est pas le moindre, si Mido met beaucoup de bons sentiments dans ses livres, ce n’est jamais trop, ni trop peu. Nous ne sombrons jamais dans le tire-larme facile, ni dans une distance glaciale. Si bon sentiment il y a, ils sont toujours justifiés et n’ont qu’un but : nous faire prendre conscience que d’accepter l’autre, c’est comme s’accepter soi-même. Ça nous aide simplement à être des personnes meilleures.

mido mut-muk

Relire la chronique de 1, 2, 3… Noël !

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