[ ALBUM ] DERADOORIAN, Find the sun

Find the sun, nouvel album de Deradoorian (disponible chez Anti Records).

Cet album nous fait un gros effet. Un effet démoniaque pour ainsi dire. Car nous ressentons dans Find the sun ce genre de sensations, celles que nous ressentons quand on nous a envoyé un sortilège duquel il est impossible de se débarrasser car il investit en un instant votre ADN, pour la transformer durablement. Deradoorian est une magicienne rock, et on adore !

Tout repose ici sur une atmosphère presque poisseuse, presque malsaine, celle d’une messe noire, de mantras, d’incantations dont le sens nous échappe (mais de toute façon, le propos n’est pas là). Un groove se dégage de chaque titre, un groove qui repose sur des aspects tribaux, sur un sens du rythme, sur une voix sexy. L’ensemble nous happe d’entrée de jeu, surtout que la production dégage des sonorités que nous imaginons parfaitement analogiques, résultat d’une faille spatio-temporelle nous ramenant directement aux sixties et au flower power.

Ces sonorités sont relativement opaques, resserrées, mais quelques éclairs viennent les mettre en lumière (par exemple une presque harpe sur Monk’s robe, enfin un clavier qui nous évoque une harpe, ou une flûte sur The illuminator). Quelques éléments électroniques sont présents, mais ils sont si judicieux que nous en venons à douter qu’ils soient réellement fait par des machines et non par un sorcier (ou sorcière) de studio.

Flûte, guitares, Krautrock.

Sur Find the sun, tout est répétitif, lourd, plombé, sauf la voix de Deradoorian capable de s’élever vers le ciel comme un aigle majestueux, à l’envergure démesurée. Comme les motifs sont répétitifs, nous imaginons l’oiseau décrire des cercles concentriques autour d’un point de mire, de tournoyer sans battre des ailes tout en étrécissant petit à petit son rayon de vol. Il nous y capture, nous hypnotise par sa grâce, comme Deradoorian nous scotche à ses thèmes magiques.

C’est tout juste si nous ne voyons pas des signaux de fumée se détacher sur le ciel. Autour d’un pow-wow maudit, la musicienne fait sortir de notre enveloppe charnelle nos démons intérieurs. Tout fonctionne avec une sincérité profonde, une sensibilité sacrée. Il n’y a pas là de surenchère technique, simplement un dosage parfait, celui de la note parfaite au moment parfait. Cela ne va pas sans quelques expérimentations (la batterie sur certains titres, des « collages » vocaux), et, à vrai dire, nous en raffolons.

Tout respire une sorte de sentiment de conscience, pleine et entière, d’être au bon endroit au bon moment, avec les bonnes personnes. C’est subtil, les orchestrations sont sublimes, sobres et élégantes. Les claviers, la production, l’effet hypnotique de la voix, tout contribue à nous envoyer vers un autre univers, loin de l’infiniment grand. En effet, tout ici est infinitésimal, se retrouve dans la plus petite de nos cellules qui en vient à bouillir sous la chaleur irradiant des 10 titres.

Rock contemplatif.

Nous situerions Deradoorian dans la vaste catégorie du rock con<iframe src= »https://www.youtube.com/embed/3he-gvao5LI » width= »560″ height= »315″ frameborder= »0″ allowfullscreen= »allowfullscreen »></iframe>templatif. Ici, il renvoie plus à l’introspection lumineuse. Car rien ne nous tire vers les ténèbres. Au contraire, tout est un éveil de soi, de l’âme, que l’on retrouvait parfois danous ressentons dans Find the sun ce genre de sensations, celles que nous ressentons quand on nous a envoyé un sortilège duquel il est impossible de se débarrasser car il investit en un instant votre ADNns les paroles de « hits » psychédéliques. Mais il ne s’agit, sur Find the sun, jamais de psychédélisme, plus d’une aura éthérée, presque pieuse, qui nous dirait de n’écouter, au fond, que ce que notre coeur renferme. Et surtout, de continuer à chercher le soleil, jusqu’à le trouver.

Parce que, ce soleil, il est en nous. La sombre période que nous traversons devrait vous avoir mis la puce à l’oreille, mais chacun de nous possède cette capacité à réchauffer le coeur de son voisin, de lui donner de l’énergie, de l’amour. Et, même si Deradoorian ne raconte pas (forcément) cela, c’est ce que nous imaginons qu’elle raconte. D’aimer les autres, de nous aimer, de réveiller les esprits qui sommeillent un peu partout autour de nous, de nous gaver de leurs conseils, pour avancer sur le chemin toujours plus tortueux de la vie.

LE titre de Find the sun.

Pour nous, le titre qui nous fout les poils au garde-à-vous, c’est Saturnine night. Parce que c’est un peu comme si Deradoorian avait endossé la panoplie du Roi Lézard (Jim Morrison) pour un trip sous acide qui rend totalement fou (et dépendant de la musique de l’artiste). L’entame du morceau pourtant ne laisse présager de cette machine infernale implacable. En effet, quelques notes de claviers donnant une tonalité presque cartoon sur 30 secondes, à peine, auraient pu nous rebuter. Mais après…

Après, ça joue de dingue. Une basse hypnotique sur haute fréquence, un groove « passif » du fait de sa combinaison avec la batterie et ces jeux combinés de superposition de voix+choeurs et quelques grésillements émanant d’une guitare électrique. Le morceau tourne en vrille dans notre tête, en quadriphonie cérébrale, nous amène au bord du vertige, sans changer d’un iota sa base rythmique, juste en y incorporant quelques effets redoutables.

Nous nous retrouvons bien vite en transe, portés par le chant chamanique de Deradoorian. La Reine Lézard nous retourne les méninges, nous traque dans les recoins de notre propre tête comme pour y insuffler un venin puissant, mortel, mais ô combien jubilatoire. Ce morceau est un must have du genre. Qui ne dure hélas que 7 minutes et 9 secondes (mais c’est comme s’il durait la vie entière).

deradoorian find the sunUn autre morceau de Deradorian ?

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Comments (2)

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    LGH

    comme si bien décrit dans la chronique, cet album invite les auditeurs à partir pour un long voyage intérieur!!! Pour ma part le titre « The illuminator » avec sa flûte à la Jethro Tull et son rythme entêtant, est celui qui m’a le plus transporté.. Bon voyage !!! LGH

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      Patrick Beguinel

      Bonjour LGH et merci pour le commentaire ! Je crois que la cohésion est telle sur cet album que réussir à détacher un titre en particulier est un exploit. Et imposer ma vérité serait bien stupide, d’autant que je vous rejoins pas mal sur The illuminatoir. très bonne journée. Patrick

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