[ ALBUM ] ANTOINE CORRIVEAU, Pissenlit (Secret city records)
Pissenlit, nouvel album d’Antoine Corriveau, disponible le 9 octobre chez Secret city Records.
Nous allons l’avouer tout de suite, comme ça vous serez tolérants avec nous. Pissenlit, d’Antoine Corriveau fait, pour nous, partie des très grands albums de cette année. Il se place, dans notre panthéon personnel de cette année à peine croyable, dans le top 3, si ce n’est à la place de l’album de l’année (mais il reste encore trois mois avant de la boucler, cette année, ne vendons pas la peau de l’ours tout ça…).
Alors, comprenez-nous, on a un peu les foies de se planter sur la chronique. Ce n’est pas la première fois que cette angoisse nous saisit sur un album ou sur un bouquin que nous aimons plus que de raison, parce que nous ne voulons pas faire trop fans, parce qu’il faut garder, toujours, une crédibilité débile de journaliste. Mais merde quoi ! On aime Pissenlit, on aime le putain de travail effectué sur cet album de ouf !
Des points forts comme s’il en pleuvait.
Hem, excusez-nous ce bouillonnement intempestif d’hormones non identifiées. En même temps, on vous avait prévenu. Mais revenons à nos pissenlits. Antoine Corriveau est Canadien, est relativement connu chez nos cousins d’outre-atlantique, relativement peu chez nous. Il propose une musique qui réunit dans un même écrin un je-ne-sais-quoi de variété, un peu de pop, pas mal d’expérimentations rock, et un charisme monstrueux.
Dis comme ça, c’est encore flou. On va creuser. Le premier truc qui s’empare de nous, sur Quelqu’un, qui ouvre l’album, c’est la tonalité global de l’ouvrage. Un gros travail de son est ici effectué, notamment sur les sonorités de batterie, dans une moindre mesure sur les guitares, mais également sur les pianos/claviers. L’empreinte d’Antoine Corriveau est déposée sur ce premier titre et sera développé tout au long du disque, de façon progressive, presque logique.
Des compositions surprenantes.
Pissenlit n’est pas un album concept, en tout cas n’en donne pas l’impression. Néanmoins, l’agencement des morceaux permet de commencer l’album dans une forme presque colérique pour l’achever dans une très relative sérénité. Nous disons relative sérénité car la musique se fait moins rugueuse, plus romantique, même si les paroles véhiculent toujours un spleen plus dense que le brouillard des bords de la Tamise.
Donc, nous sentons une certaine colère au début de l’album. Mais il s’agit peut-être aussi de tristesse, de mélancolie, d’un sentiment d’exaltation renfrognée. La colère transparaît par une batterie inventive, virevoltante,s’émancipant des schémas préétablis. Rarement nous avons l’occasion de voir un tel travail sur cet instrument. C’est original, complètement à part dans le monde de la « chanson francophone ». Mais justement, est-il ici question de chanson ? Pour nous, il y a quelque chose de très jazz dans Pissenlit, dans la folie qui règne dans les compositions, dans ses arrangements d’une richesse folle.
Du rock ou bien ?
Alors s’agit-il de rock ? Par la noirceur qui se propage des mots d’Antoine Corriveau, nous pourrions effectivement définir la musique du Canadien comme étant du rock. Pas du rock insipide, non, de celui qui a des choses à dire, notamment sur cet exemple (criant) : « en Amérique/on a tous du sang indien/si c’est pas dans les veines/c’est sur les mains. » Mais on sent aussi une mélancolie profonde qui ressort des textes, articulés autour de l’amour, mais pas que.
Le talent d’écriture du musicien est saisissant, d’une force peu commune. Il met ses tripes sur la table, c’est profond, touchant, émouvant. On en ressort à la fois épatés et essoufflés, terrassés et dans un état second, comme touchés par la grâce. Mais il s’agit en fait d’un tout, harmonieux, qui se lie entre paroles, qualité du son, expérimentations musicales, arrangements originaux, voix puissante qui est aussi bien capable de quitter ce registre rauque pour des montées dans les aigus puissantes.
Bon autrement dit, Antoine Corriveau est un grand songwriter, un musicien avec une vision musicale unique, forte, originale. Et Pissenlit est certainement un des albums de l’année.
LE titre de Pissenlit.
Argh… L’album ne recèle aucun morceau faible. Ça c’est dit. En possède-t-il des plus forts que d’autres ? Sans doute, mais tout ceci est forcément personnel. Pour notre part, nous hésitons entre Maison après Maison, Le bruit des os, Les sangs mélangés, En corolla au Canada, Albany, Un arbre, Disparition (ce qui nous fait la moitié de l’album puisqu’il compte 13 morceaux).
Impossible de départager les quatre derniers de l’album (Le bruit des os, Les sangs mélangés, Disparition et En corolla au Canada). Ils sont pourtant très différents, laissent chacun une facette de la personnalité d’Antoine Corriveau de s’exprimer (mais comme les autres morceaux de l’album du reste). Allez, Le bruit des os. Nan, Les sangs mélangés. Nan… et puis merde ! Pissenlit, album de l’année on vous dit !
Revoir Quelqu’un
Revoir Albany