[ ALBUM ] THE DRUIDS OF THE GUE CHARETTE, Talking to the moon.

Talking to the moon, nouvel album de The druids of the gué charrette (Beast records/Mauvaise foi records).

Il y a des disques comme ça, qui ne trompent pas. Que ce soit par leur nom ou par le visuel (qu’on adore!) de ce Talking to the moon, nous savons que The druids of the gué charrette nous conduira quelque part où les ténèbres ne disparaissent jamais vraiment, refermant en leur sein des rites païens et des danses macabres et des sacrifices séduisants.

Un garage sombre.

Nous sommes en pleine mouvance rock garage avec The druids of the gué charrette, mais pas un rock garage urbain. Non, nous sommes ici en présence d’une musique qui provient des tréfonds d’une forêt pas enchantée du tout, ou alors du versant magie noire de la branche des enchantements. Une voix d’outre-tombe nous le proclame d’entrée : Talking to the moon n’est pas et ne sera pas un disque basé sur la déconne (même si le groupe n’est pas un Bad guy comme le stipule le premier titre).

Pourtant, cette voix, distordue et trafiquée, ne semble pas forcément appartenir à quelqu’un de sympathique. Nous imaginons en effet une sorte de druide, mais un peu flippant quand même, vêtu d’une longue tunique d’un blanc douteux, avec une longue capuche recouvrant une partie d’un visage mangé par une barde de jais. Son chant, psalmodie terrifiante, nous entraîne pourtant avec lui dans un univers fait de lignes de basse monstrueuses, de guitares et de claviers bien sentis, le tout sur fond de batterie à la limite du tribal. Forcément, ça nous rassure.

Talking to the moon.

Au milieu d’une cérémonie dédiée à on ne sait quelle divinité celtique, nordique, Arabe ou autres, le groupe s’adresse à la lune. Ce seul témoin apporte un peu de lumière sur cette musique véhiculant un côté maudit, ténébreux, pour ne pas dire dangereux. Des gimmicks surgissent et reviennent nous séduire de façon insolente. Ils le font tant et si bien qu’ils reviennent habiter nos rêves, hanter nos cauchemars. L’efficacité est de mise et une aura particulière nimbe les douze titres de l’album.

Cette aura est toute en nuances de gris. Des ombres faméliques d’arbres sans feuilles parcourent une clairière au milieu de laquelle a lieu un sacrifice. Il faut du sang pour réveiller les âmes, et The Druids of the gué charrette en possède une pleine brouette. Ils répandent celui-ci à la fois sur le sol rock de leurs compositions et dans l’aspect chamanique de leur musique. On ne décroche pas de ce disque. C’est plus fort que nous. Il nous faut notre dose, coûte que coûte.

Les esprits rock.

Même si le groupe ne ressemble à rien de ce que nous connaissons, nous sentons poindre quelques références, même si elles nous semblent un peu étranges. Pour le côté chamanique, nous oserions presque une comparaison avec les Doors, avec Jim Morrison plus exactement. Nous retrouvons en effet un esprit similaire, en force, en charisme, en magnétisme. Et puis on pense aussi aux Stooges, pour ce type de son qui malaxe les instruments pour en dégager une sorte de fil conducteur machiavélique, imparable, au goût de soufre.

Bien sûr, nous pourrions évoquer pas mal d’autres groupes, garage pour la plupart, mais, à vrai dire, The Druids of the gué charrette s’en démarque ostensiblement, même si nous ne sommes pas véritablement en mesure de vous dire pourquoi ni comment puisque nous les rangeons dans cette catégorie. Sans doute parce que la production est particulière au groupe (elle est d’une cohérence à toute épreuve, colle au groupe comme une seconde peau), qu’il n’y a pas là d’esprit vintage malgré des claviers typés seventies.

Non, cette musique-là n’a pas d’âge, pas de nationalité. Elle appartient aux âmes vagabondes, celles qui peuplent les bois la nuit venue. Et qui viennent nous tirer du sommeil en susurrant à l’oreille, d’une voix désincarnée : aime-nous. Assurément, nous aimons The druids of the gué charrette et Talking to the moon. On pourrait même faire un pacte avec ce drôle de gonze, qui nous regarde bizarre, pour vous affirmer qu’après une ou deux écoutes, vous les aimerez aussi fort que nous !

Le titre de Talking to the moon.

Pour nous, le titre de l’album est It’s allright to fail sometimes. La ligne de basse y est répétitive sur toute une partie du morceau, tribale, hypnotique. Elle est renforcée par une présence vocale magnifique, incantatoire, qui répète, jusqu’à l’aliénation le titre, et nous évoque ici à deux cents pour cent Jim Morrison. La filiation nous paraît claire sur ce titre, timbre de voix faisant néanmoins exception. L’impulsion sur It’s allright est la même que celle sur The end, que sur L.A Woman (sur le pont), que sur Light my fire, c’est-à-dire une impulsion qui vous fait complètement perdre la tête, oublier d’où vous venez et où vous comptiez aller.

Ce morceau retient immédiatement notre attention par son groove démoniaque, nous déroute de toutes les tâches que nous avions en cours, détourne les sirènes alléchantes de tout produit technologique (et superflu cela va de soi), nous scotche au parquet, éveille chez nous un imaginaire débridé d’orgies druidiques.

Les éléments se déchainent, les loups sont lâchés, les ours aussi d’ailleurs,. Et puis le morceau s’éteint, à 5 minutes et puis, comme ça, sans rien nous dire, et nous ne l’avions absolument pas vu venir, Talking to the moon (qui revient en plage 12, mais différemment) débarque, sur une basse plus légère et le titre nous offre une plongée méditative sur fond d’arpèges de…banjo ? Chute du rythme, fin des cris, un atterrissage en douceur après une fête d’enfer. Un retour au calme de courte durée car Gods & Dolls survient et remet le moteur de la charrette en route illico presto.

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Une autre sortie récente du label Beast Records : Clavicule

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