[ LP ] GILL LANDRY, Skeleton at the banquet
5éme album solo de Gill Landry, Skeleton at the banquet (sortie le 14/02 chez Loose)
L’impression première en écoutant Skeleton at the banquet, le 5éme album studio de Gill Landry, est que nous allons y perdre notre âme. Par sa voix à la fendre, l’âme, Gill Landry nous guide en territoire folk/blues, fortement gorgée de cette poisse du bayou. Un album spectral, vaudou, magnifique.
Chansons d’amour.
L’album s’ouvre sur I love you too. Et directement, la chair de poule nous gagne. La production y est d’une chaleur fragile, de celle dégagée par une bougie vacillante sous le vent des fantômes traversant une pièce sans ouvertures. Elle est tremblotante, cette chaleur, comme le lumière qui noie la pièce d’ombres étrangement réconfortantes, de blues, de jazz New-Orleans, et d’un folk des petits espaces clos.
La voix de Gill Landry est le deuxième frisson qui nous parcours. Joliment mise en avant, elle comble les interstices de nos attentes. Elle couve les instrumentations, relativement minimalistes, sur des tempos lents, propice à une danse/transe vaudoue. Les squelettes claquent leurs os en entrechoquant leurs mains décharnées.
Plus en détails.
Nous disons que les instrumentations sont relativement dépouillées, mais c’est faux. En effet, les arrangements y sont au millimètre, laissant surgir ici ou là une trompette, un piano, une pedal steel, simplement, comme si leur place avait toujours été là. Comme si tout cela résultait d’un caractère immuable, mystique, comme si, depuis la nuit des temps, cette musique se devait d’être jouée ainsi.
Légèrement mixés derrière la voix de Landry, les instruments tirent leur force de cet arrière-plan majestueux. Comment dire… Un peu comme si leur saveur pleine de délicatesse avait été amoindri par un goût plus piquant, par un piment qui tairait ses fragrances pour mieux nous tromper sur son caractère sauvage, libre. Oui, c’est cela. Ils auraient été mixés plus avant que nous les aurions moins entendus. Ils tirent leur force de leur caractère secondaire, mais ô combien important car, sans eux, cette voix serait juste… normale.
Skeleton at the banquet.
Alors, nous sommes à table, comme Landry sur la couverture de Skeleton at the banquet. Nous attendons, pour casser la croûte, que les fantômes du passé ressurgissent : un amour passé, un pays quitté, une idée enfuie. Nous les convoquons à venir se délecter de mets sucrés salés, de vins sirupeux mais au tanin puissant. Le plaisir de la bouche et celui de l’ouïe sont directement et intrinsèquement liés. Ils déclenchent le même souffle de plaisir, de saveurs et de goûts se déversant dans notre être comme pour mieux le régénérer.
Cet album est une parenthèse. Un moment suspendu, évoquant le blues, le jazz, Tom Waits, le rock 50’s, et il fait un bien fou. Un peu comme s’il ressuscitait notre âme ! Superbe !
Le titre de Skeleton at the banquet.
Pour nous, le titre Refuge in your arms mérite le titre de l’album. Sur fond de guitare éthérée, un violon, une trompette, ressemblant par moments à un choeur plaintif. L’apport du violon sur ce titre, en contrepoint d’un solo de guitare électrique, décuple, s’il en était possible, la force émotionnelle de ce titre au romantisme exacerbé. L’agencement du titre est subtile, aérien, hypnotique, évoque pour nous un amour déchu auprès duquel nous aimerions nous réfugier, pour une nuit, pour la vie. La simplicité sur ce titre, comme sur bon nombre de morceaux de ce Skeleton at the banquet, le porte vers des sommets d’épure. Et de majesté.
Site officiel Gill Landry
On pense à Aymeric Maini