[ALBUM] L’ÉPÉE, magie blanche pour psychédélisme viscéral.
L’Épée, Diabolique, disponible chez Because Music.
Il est un pays où les sorciers et autres fées façonnent, derrières quelques instruments de fortunes diverses, des ouvrages aux charmes ensorcelants. Fortement ancré dans des sonorités psychédéliques, L’ Épée tranche dans le vif du sujet et nous propose un album, Diabolique, addictif au possible.
Magie blanche.
Magie blanche comme la voix d’Emmanuelle Seigner. Blanche mais tout sauf froide. Elle incarne les mythes du rock n’roll, pointe avec une légère nonchalance les aspérités d’un rock embrumé d’où surgissent, comme des diables sortis de leur boîte, des textes tirés au cordeau. Tantôt gorgés d’une aura mystérieuse (La brigade des maléfices), tantôt ancré dans la réalité d’un couple cabossé (Dreams), ils définissent un disque foisonnant, enivrant.
Il est également question de magie blanche dans ses éclairs de guitares, tranchants, brillants, qui éclairent le brouillard de la production d’Anton Newcombe. Les mélodies vocales y trouvent un appui certains, entre allégresse et dévotion. Tout est parfaitement arrangé par la grâce du sorcier du Brian Jonestown Massacre.
Magie noire ?
Peut-être est-il aussi question de magie noire par ici, de celle qui nous maintient les oreilles vissées au casque, comme si nous étions privés de notre libre arbitre. Impossible pour nous de lâcher l’écoute de l’album, comme si des messages subliminaux, sexy, sensuels, nous intimaient l’ordre de plonger corps et âme dans ce diabolique album.
La production y joue un rôle certain, jouant sur des codes pourtant bien connus relatif à un psychédélisme très en vogue en ce moment. Pourtant, il se dégage de Diabolique un parfum entêtant, celui des marmites dans lesquelles bouillonnent des arrangements mystérieusement alléchants. Batterie/boîte à rythmes entêtantes, motifs guitaristiques simples à rendre fou, voix détachée, effets shoegaze pertinents.
10 titres pour un voyage sensoriel excitant.
Avec Diabolique, L‘ Épée (Emmanuelle Seigner, The Liminanas et Anton Newcombe) nous propose une plongée en apnée dans son univers habité, lysergiques, aux structures très souvent répétitives, jusqu’à l’aliénation pour certaines, mais dont la lumière jaillit toujours, à un moment ou à un autre. Le charisme du groupe ne fait aucun doute et il s’appuie sur des compositions qui le renforce de façon démoniaque. Un petit bémol néanmoins, qui pourrait en irriter plus d’un : l’usage systématique de cymbalettes et/ou tambourins qui a tendance a alourdir la chose, sans être forcément pertinent.
Hormis ce détail, L’ Épée réussit son diabolique pari, celui de nous rendre totalement dépendant de ses riffs et de son ambiance obsédante.
LE titre de l’album.
Pour nous, le titre phare de cet album est l’inquiétant La brigade des maléfices. Emmanuelle Seigner y parle d’une mystérieuse brigade à même d’intervenir lorsque la police se trouve démunie, à court d’arguments à étudier pour résoudre un crime. La structure musicale s’appuie sur un mantra de guitare pénétrant, obsédant, et une batterie basique, dénuée de toute artifice dégageant pourtant un groove absolument imparable.
Les lumières des arpèges lors des passages instrumentaux se figent dans notre cervelle tandis qu’un discret banjo apporte un léger climat angoissant, métallique. Les stridences de larsens, elles, ne font qu’amplifier la dramaturgie du morceau, et rendent le texte encore plus énigmatique.
Tout cela s’imbrique en nous comme une mauvaise fièvre dont nous n’arrivons pas à nous défaire. Mais quitte à être malade, autant l’être de cette façon qui nous donne irrémédiablement envie de bouger, tels des zombies sous acides. Ou même sans acide…
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