[EP] San Carol, 5 remix aux univers parallèles
Houdini Champagne, EP remix déjà disponible chez Echo Orange.
Il est rare qu’une série de remix nous touche de la sorte. Pourtant, à travers Houdini Champagne, EP de remix de San Carol, 5 titres sont revus et corrigés par une scène électro-pop au sein de laquelle nous retrouvons quelques noms que nous connaissons déjà.
San Carol.
San Carol est un projet angevin réunissant Maxime Dobosz, ses amis de VedeTT et Raphaël d’Hervez (Pégase, Minitel Rose). Ensemble, ils proposent une musique répétitive, dense et à la portée émotionnelle forte. En confiant des remix à Dampa, Juno, Voltaire, Demunik & 1104 Millions et Korben de Grand Blanc, leur musique aurait pu perdre de son attrait.
Mais ce n’est absolument pas le cas. Les deux premiers remix nous saisissent directement par le col, nous mette un bon coup de pied là où il faut pour nous faire choir de nos préjugés quant à cet exercice diablement difficile qu’est celui des remix.
Charge émotionnelle intacte quoi que délocalisée.
La charge émotionnelle est ici intacte, voire transcendée par l’apport de personnalités aussi diverses que talentueuses. Le côté répétitif n’est pas bradé, seule l’intensité y est parfois augmentée, détournée, par l’apport de machines, imaginons-nous, dotées d’une sensibilité artificielle (contre le côté analogique originel). Par exemple, Parachutes, remixé par Dampa apporte une dose supplémentaire de mélancolie (par la profondeur insondable des synthés) au déjà très sombre et cold wave titre original.
Cancer, lui, subit un lifting plus dancefloor, sans pour autant perdre en impact émotionnel. Le côté synth pop, absent de l’original de San Carol, lui confère une aura quelque peu différente, plus froide bien qu’émotionnellement palpitante. Ce paradoxe mécanique/organique lui va cependant parfaitement au teint, démontrant qu’un morceau intimiste peut devenir une machine à danser imparable.
Même genre de transformation pour Turn To dust qui passe d’une balade à un titre dancefloor proche de l’ambiant, versant sombre. Seul le traitement sonore diffère de Cancer, rendant ce titre plus profondément désespéré. Légèrement plus long que le titre original, il nous plonge dans un abîme de souffrances contenues duquel pointe une lueur d’espoir indomptable.
Un résultat proche du sans faute.
Le remix de Society nous parle moins avec cette approche évoquant pour nous une sorte de dub pourtant aventureux, plongeant le titre dans un trip-hop relativement original. Mais ce remix ne tient pas la comparaison avec l’original, juste parfait en l’état. L’exercice était risqué, Demunick & 1104 millions s’y est frotté mais, loin d’être ridicule, ne pouvait rien faire d’autre qu’une relecture en deçà de l’originale.
Le remix par Korben (Grand Blanc) propose un autre angle de lecture du titre, là aussi cold-wave, relativement proche de l’original dans son intention. Le traitement légèrement plus froid nous détache émotionnellement de l’original, vraiment prenant, le rendant peut-être un peu moins inoffensif ou mordant, mais y gagne cependant en une sorte de poésie désincarnée.
L’ensemble de ce remix vaut, vous l’avez compris, la peine de s’y arrêter. Il vous permettra de découvrir ainsi une partie de la scène émergente electro pop française qui, décidément, n’a pas fini de nous charmer. Quant à l’album original, vous pouvez aussi vous précipiter dessus tant les atmosphères de San Carol vous hante de façon durable.