3.14 AIR, L’espace d’un instant
Album déjà disponible (autoproduit)
Nous sommes injustement passé à côté de L’espace d’un instant, dernier album en date de 3.14 Air (projet musical de Pierre de Loor). Alors, nous revenons sur ce disque qui mérite de l’être. Certes, Pierre n’est pas le chanteur du siècle (on décèle ici ou là quelques approximations, touchantes du reste). Son album n’est pas celui de l’année non plus. Pour autant, il est loin d’être mauvais. Nous oserions même dire qu’il est plutôt bon, voire très bon.
Il est vrai que ce disque, L’espace d’un instant, souffre de moyens limités, de quelques effets cheap. Mais, qu’il s’agisse de ce manque de moyens ( = l’album n’a pas été enregistré à New York par un ponte de l’industrie musicale ou un producteur de renommée mondiale) ou de ces effets parfois légèrement malheureux, ils sont largement compensés par des idées mélodiques lumineuse et des bidouillages en tout genre, propres au musicien. Inspirés, inventifs, ils sont d’une absolue pertinence et sont relativement unique dans leur genre. Qui plus est, ils nous entrainent sur des chemins inexplorés et inattendus, provoquant la surprise et cet indicible sentiment de joie qui pourrait se traduire par l’expression « avoir des étoiles dans les oreilles ».
Ces arrangements font une grande partie du charme de l’album, mais montre aussi un talent inné pour aller là où personne ne va. Avec pas mal de réussite et de talent, 3.14 Air nous étonne, voire nous épate, en tout cas nous régale de bout en bout du disque avec cet art maîtrisé d’arrangements à nuls autres pareils.
Pop spatiale.
La « pop » de 3.14 AIR se teinte alors de chanson française, de jazz, d’un soupçon de hip-hop, de pas mal d’électro, et dégage un aspect rétro futuriste complètement dans l’esprit d’un groupe comme Air (ça ne s’invente pas). Les textes, souvent doux amers, sont des constats de petits tracas quotidiens, parfois existentiels, parfois métaphysiques, et dégagent une vraie poésie, comme une photographie prise par un homme un peu désabusé, qui se demande où nous allons.
Ce disque, très touchant, souvent surprenant, mérite donc que l’on se penche dessus pour mille et une raisons, souvent très bonnes. Ce musicien exprime avec passion son amour de la musique et de la vie, et aussi un peu, avec un regard tendre, son amour pour l’humanité. A ne pas bouder mais à encenser au contraire car, avec des moyens véritablement conséquents, ce disque aurait eu l’étoffe d’un chef d’oeuvre !
Patrick Béguinel