BIBI CLUB, Le Soleil et la Mer

Bibi club, le soleil et la merdisponible le 26 août chez Secret City Records

Bibi club, drôle de nom pour un groupe. Mais il prend sens quand on sait que le duo qui forme le groupe, autrement dit Adèle Trottier-Rivard et Nicolas Basque, couple à la vie, l’a baptisé en hommage à leurs « Bibis », leurs enfants. Le soleil et la mer, leur premier album, porte cet esprit profondément ancré en lui, celui de la famille, des petites joies quotidiennes, des sorties à la mer, mais aussi ailleurs.

Comme un leitmotiv, nous sentons dans ses 8 titres un caractère très spontané, mis en exergue par une fluidité à toute épreuve. L’évidence semble de mise, tout comme les mélodies absolument limpides du duo. Ajoutez à cela une science du rythme bien maîtrisé, et vous obtenez un disque plein de peps, d’innocence retrouvée. Un disque de bonheur. D’été.

Souvenirs.

Souvenez-vous un peu, quand vous étiez môme et que vous partiez en excursion avec vos parents, ou même en voyage scolaire. Vous partiez de nuit et, lorsque le soleil succédait à la lune, vous vous émerveilliez de ces paysages insolites, jamais vus, qui possédaient le charme de la nouveauté. C’est ce que l’on ressent en écoutant le disque de Bibi Club, ce mélange d’innocence, une forme de naïveté, un entrain communicatif émanant de mélodies d’une fulgurance rare. Dès les premières notes de Le Balcon, l’évidence se fait, tant musicalement que textuellement, sans parler de cette énergie presque candide (ce n’est pas péjoratif bien au contraire) de la voix.

D’ailleurs, elle vous dit peut-être quelque chose la voix d’Adèle ? Si oui, elle évolue aussi dans Plants & animals, mais elle trouve auprès de Nicolas une forme de liberté qui doit être jouissive car nous sentons les sourires dans sa voix. Sincérité donc, mais aussi une expression totalement affranchie de toute nécessité de paraître. Le soleil et la mer reflète simplement l’être, sans aucune pose, l’être qui savoure l’instant et qui, par un peu de magie, le fige sur disque.

bibi club

crédit photo : Dominic Berthiaume

Entre spontanéité et travail.

Alors évidemment, il y a du travail, et le fait qu’il s’agisse d’un enregistrement prouve que le tout n’est pas capté sur le vif d’un moment partagé en famille, mais tout paraît si soudain, si dénué de « plan » qu’on croit véritablement que tout s’est fait d’un jet, presque comme si le disque avait été enregistré aux dépens des musiciens, les libérant de toute retenue, dévoilant leur intime personnalité.

Évidemment encore, le travail d’arrangement, de composition prouve lui aussi que ce n’est pas le cas. Tout s’imbrique à la perfection, dans un mécanisme bien huilé qui met la note juste à l’endroit juste, qui met l’impulsion là où elle doit se situer, qui fait naître ce sentiment impalpable mais bien présent qui auréole le disque, celui d’une communion totale entre le son et ce que le cœur renferme.

Plein de petites bidouilles apportent du contraste aux différents morceaux, leurs donnent un côté un peu enfantin, un esprit joueur rassérénant. La pop du groupe, elle, se veut dynamique, enjouée, parfois auréolé d’un sentiment vaguement mélancolique (souvent proposée par les claviers, ou quelques arpèges de guitares), ou plus simplement nostalgique, que renforce la poésie épurée des textes, toujours dans cette thématique liée au soleil et la mer dans le sens le plus large qui soit.

Foisonnement d’idées.

La diversité des rythmiques nous montre un disque plein de relief, qui ne se contente pas de se plagier lui-même. Celles-ci sont générées par une boîte à rythmes, des guitares acoustiques, une basse légère, des compositions orientées vers l’insouciance et les beaux souvenirs. Le travail de composition montre une véritable démarche, celle de rendre visuelle une musique, des sonorités, des rythmes, afin qu’elle puisse créer ses propres paysages, ses propres décors. Ainsi, pas une seconde l’ennui ne pointe, mais au contraire un foisonnement sensoriel qui nous pousse toujours plus loin dans l’écoute.

Ainsi, malgré son caractère instantané que l’on pourrait croire efficace sur une seule écoute, on se surprend à mettre le disque encore et encore en lecture, sans se lasser une seule minute. Cela est lié à deux raisons. La première étant que jamais il ne perd cette spontanéité, la seconde étant qu’il est riche et qu’il permet des écoutes à plusieurs niveaux de lecture. On peut donc décrypter le travail sur les tessitures, sur les superpositions, sur les arrangements et les effets divers. Tout cela concourt à un album dont la maîtrise impressionne, mais sans pour autant qu’il paraisse pédant ou prétentieux.

Le soleil et la mer est donc un petit joyau dans son genre, celui qui se prend la tête, pour être le plus évocateur possible, sans paradoxalement se la prendre (son côté décomplexé en est une preuve évidente). Il laisse donc espérer une belle carrière à Bibi Club qui ouvre, avec ce disque rayonnant, sur un horizon étendu puisqu’il est avant tout sensible. Et que la sensibilité, on l’a pour toujours, et qu’elle peut se parer des plus beaux atours, qu’ils soient joyeux ou non. Le futur s’annonce donc excitant.

Patrick Béguinel

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