BEACH SCVM, Blooming point (disponible)
L’esprit à l’été.
Perdons-nous à corps perdu dans l’été. La mer, le soleil, l’amitié, les amours éphémères, les crèmes glacées et solaires, le skate, la fête, et parfois un peu, aussi, l’orage. Tout cela se trouve synthétisé à merveille dans ce premier album de Beach Scvm, disponible depuis quelques semaines. Blooming point (point de floraison en français) nous fait prendre la vie du bon côté.
Les quelques jours de fortes chaleurs s’accordaient à merveille avec la musique présente sur Blooming Point. Il représentait, cet avant-goût de l’été, la Californie, une certaine idée du cool, du laisser aller, du vivre au jour le jour, en tentant de ne pas trop s’en faire quant à l’avenir.
Pourtant, après la chaleur, comme après les vacances ou le week-end, c’est la triste réalité qui reprend ses droits. Dans un cas, une dégradation météorologique, dans les deux autres un spleen léger, parfois plus tenace, nous rappelant que l’on ne peut vivre d’amour et d’eau fraiche (ce qui est bien dommage).
Doux amer.
Le disque porte tout cela en lui. Comme la vague portant son surfeur, Blooming point nous entraine dans des images ensoleillées, dans des jardins fleuris, main dans la main avec celui ou celle qu’on espère être cette âme sœur que jamais nous ne quitterons. Le disque nous entraine également au milieu d’une fête qu’on espère interminable tant l’ivresse d’être auprès de ceux qu’on aime, à ce moment précis, nous importe plus que tout le reste.
La grisaille, la pluie, les conflits, tout est remballé pour l’été, placé dans un placard que nous ne rouvrirons qu’à la rentrée. En attendant, on chante à tue-tête, on s’harmonise avec les copains et les copines, on joue l’insouciance, même un peu forcée, laissant nos états d’âme planqués captifs de cet endroit que nous fuyons comme la covid.
Mais il arrive que parfois, ceux-ci nous rattrapent. Même entouré, on peut se sentir seul. Même quand les responsabilités sont loin, elles peuvent nous revenir, tels des boomerangs, dans les gencives. Un léger moins bien nous assaille dès lors, lié à trop de sentiments magnifiques qui, une fois la fatigue installée, ou la gueule de bois logée au fond du bide, nous font nous sentir un peu pataud, un peu en déphasage.
Rock nuancé.
C’est un peu tout cela que traduit le trio Beach Scvm avec ces guitares basse et batterie, à l’ancienne, old school, mais avec ce côté décontracté, même quand il évoque la difficulté à être ce qu’on paraît être, ou à jouer un rôle à un certain moment ou bien encore à se retrouver enfermé en soi alors qu’on est au milieu d’une foule, avec ces émotions qui tourbillonnent, qui nous rappellent à l’ordre, nous empêchant l’insouciance totale.
Mais ces sentiments un peu plus noirs sont combattus par une musique enlevée, souvent joyeuse, même si voix et instrumentations empruntent parfois quelques routes mineures, évoquant une mélancolie de rigueur, jamais réellement pesante, mais jamais réellement absente non plus. Un peu de l’ordre de celle qui nous assaille lorsque nous sentons que la fin de la fête se rapproche et que, bientôt, nous ne devrons plus que composer avec nous-mêmes.
Rien de bien méchant, en somme, juste ce jeu de montagnes russes émotionnelles que tout le monde connaît. Pas de sentiments plombants, jamais, tout reste plutôt orienté vers une forme de joie de vie. Le groupe évoque juste ce qui façonne les êtres à un moment donné, à savoir l’amitié, l’amour (avec ses joies, ses peines), le fait d’appartenir à une communauté pourquoi pas, mais aussi la « solitude » intime. Beach Scvm le fait plutôt bien, cet état des lieux, en y mettant une bonne dose de lui, un peu de candeur (dans le bon sens du terme), beaucoup de cœur, et surtout en étant d’une désarmante sincérité. Malgré la complexité des sentiments évoqués, le trio s’en sort à merveille pour les mettre sur la table et à composer avec.
Retourner en début d’âge adulte.
Cet album s’avère une pure cure de jouvence, un rappel de nos années folles, mais pas crétines. Le regard que posent les trois garçons sur la vie devrait être un modèle à suivre, pour qu’enfin nous soyons plus en rapport avec nos ressentis. Et comme ils y mettent les formes, impossible de résister et c’est de façon totalement entière que nous adhérons à l’est-éthique de Beach Scvm. Simplement irrésistible.
LE titre de Blooming point.
Nous allons choisir Lose my mind car ce morceau, nous rappelant pas mal la musique de nos chères années 90 possède un petit truc nous évoquant Nirvana. Certes, le groupe n’est pas aussi virulent, mais on y retrouve un peu de ce sentiment de ne pas être au bon endroit au bon moment, à un mal-être qui peut être lié à pas mal de conditions non remplies. Mais qui, finalement, n’est qu’un mauvais moment à passer. Car bien vite les choses s’améliorent.