LA SUPER CATHEDRALE, vendredi plus pop ?
Découvrez le deuxième jour de la programmation du festival.
Ce vendredi 22 juillet verra se produire, sur la grande scène et sous le chapiteau 6 groupes. Deuxième chance pour vous de voir (ou revoir) Lumer qui sera déjà présent le jeudi mais qui sera transféré d’une scène à l’autre. L’occasion pour les britanniques de s’exprimer de deux manières différentes, ce qui, nous l’avouons, à tout pour nous plaire. Sinon, c’est 5 nouveaux groupes qui viendront émerveiller nos tympans pour un vendredi plus pop. Enfin, façon de parler.
Joseba Irazoki.
Comme ses compatriotes de Vulk, Joseba Irazoki est espagnol. Comme eux, il a choisi de s’exprimer, non pas en espagnol, mais dans sa langue régionale, à savoir le basque. Donc si vous avez manqué le show pourtant immanquable de la veille, deuxième chance pour vous d’entendre le basque résonner sur La Pointe de La Rognousse.
Contrairement à ses collègues, Joseba Irazoki ne produit pas un post punk métissé, mais un bon vieux rock « des familles ». Mais attention ! N’allez pas croire que nous allons roupiller pendant son show, parce que le bonhomme sait y faire pour nous happer dans son univers. Une fois passé l’acclimatation à cette langue étrangère, c’est le bonheur du rock (avec une petite pointe math rock) qui nous assaille, un rock roots, puissant, capable de montées progressives tripantes, voire presque transcendantes.
Rien ne laisse présager de ce qui va bien pouvoir se passer. Les titres peuvent s’étirer, jouer sur une sorte de frustration qui va crescendo avant que le musicien ne décide de nous soulager par quelques motifs instrumentaux inspirés. N’attendez pas pour autant des fulgurances démoniaques ou des rythmiques échevelées, mais une forme de puissance qui impose petit à petit sa marque, tel un rouleau compresseur qui, une fois lancé, ne peut plus s’arrêter. On attend beaucoup de ce show qui, à n’en pas douter, fera des émules !
KELLEY STOLTZ.
Ici, nous retrouvons une sorte d’univers post punk, mais plutôt lumineux. Presque pop. Ou même carrément pop. Le contraste est assez saisissant entre une certaine lourdeur et les claviers plutôt légers. Cette dualité peut dérouter, voire même totalement perdre qui écoute cette musique pour la première fois. Mais c’est sans compter sur la présence charismatique de Kelley Stoltz qui, l’air de rien, en impose par son indolence.
Et puis, aussi, parce que ce n’est pas si habituel que cela, Kelley Stoltz est américain, Californien, pays, et région du pays, pas forcément historiquement inspiré par le post punk. Il en résulte donc une interprétation très personnelle du genre, qui donne un mélange contrasté entre brouillard et ténèbres d’une banlieue londonienne, ou mancunienne, avec un soleil voilé au-dessus du Golden Gate. Résultat, une forme de décalage entre deux univers, à priori incompatibles, mais qui donne du piment à la musique de l’artiste.
La curiosité sera donc au rendez-vous en ce vendredi. Et nul doute que tout le monde tombera sous le charme de cette musique à mi-chemin entre psychédélisme (eh oui, forcément un peu, le Summer of love ayant semé des graines profondes) et exploration des ténèbres personnelles du musicien.
WARMDUSCHER.
Peut-être est-ce là le groupe que nous attendons le plus lors de cette soirée du vendredi. Le disco punk rock de Warmduscher (pas allemand comme pourrait le laisser présumer son patronyme) s’avère en effet d’une redoutable efficacité, sans virer, jamais, dans le grand guignol. Pas de boule à facettes ici, pourtant les rythmiques invitent invariablement à la danse. Mais on sent dans la musique du groupe une aura légèrement oppressante, des formes mouvantes, et noires, n’étant pas sans rappeler certains des spectres de notre enfance.
D’une incroyable richesse, sa musique ne se cantonne pas à une simple évocation du disco, mais elle fait véritablement le pont entre le punk et ce genre musical stéréotypé. Comme le disait Blondie, rock, et à plus forte raison punk, et disco ont une multitude de points communs. Ce que nous remet devant les oreilles Warmduscher, car il est aussi capable de ballades ensoleillées que de plongées dans le monde des clubs.
Dans un cas comme dans l’autre, ses esthétiques sont hyper soignées, et nous nous projetons avec une déconcertante facilité dans ces compositions qui dégagent un inénarrable parfum de coolitude. Jamais facile, mais jamais inaccessible, la musique du groupe anglais est un pur régal qui devrait faire danser les festivaliers, et dispenser aussi pas mal d’amour partout autour. A ne pas louper quoi !
HOWLIN’GRASMMAN VS STOMPIN’BIGFOOT
Le nom est à rallonges et n’est pas forcément facile à retenir. Fort heureusement, le rock garage du groupe l’est bien plus. Celle-ci y infuse un blues sorti d’on ne sait où, probablement des caves d’une sordide banlieue de Chicago… ou de Brest, ville où sévit le combo. Enfin combo… Duo devrions-nous dire. Un chanteur, un guitariste qui marque le tempo sur sa grosse caisse/charley, et le tour est joué. Ce groupe joue un peu, beaucoup, à la folie avec nos nerfs et porte la frustration à son paroxysme avec ses motifs répétitifs et aliénants.
C’est lourd, massif, mais ça décolle aussi méchamment par moments, ce qui fait redescendre un peu la pression, avant de repartir sur ces bases engoncées dans un sol bourbeux d’où il est impossible de s’extraire sans y perdre, au mieux, une godasse. Et puis ça redécolle. Et ça redescend. Nos nerfs jouent au yoyo. Et on adore ça parce que la musique de Howlin’Grassman VS Stompin’ Bigffot s’avère magnétique, autant qu’elle est tellurique. A deux ou trois exceptions près, elle nous rappelle, cette musique, celle de Buck (devenu depuis Broken Waltz). A découvrir, quitte à y perdre votre âme.
CHOCOLAT BILLY.
Le groupe est bordelais et (presque quasiment exclusivement) instrumental. Il est aussi, à sa manière, expérimental. C’est d’ailleurs le seul à proposer une musique sans paroles ( ou alors très peu) en cette deuxième journée de festival. Son univers évolue entre rock et post rock voire avec le rock progressif, avec des couleurs plutôt lumineuses, mais qui n’empêchent jamais les émotions de pointer le bout de leur nez. Moins radical que Howlin’grassman vs Stompin’ bigfoot certe, presque aussi dansant que Warmduscher, Chocolat Billy propose une musique qui sait nous séduire par une certaine notion de douceur, sans pour autant dériver vers une quelconque mièvrerie.
En effet, quand l’électricité plus abrasive remplace les contours pop, quand les rythmiques s’emballent, c’est l’aspect plus viscéral de leur musique qui nous saute au visage. Il faut dire qu’en étirant ses morceaux, Chocolat Billy prend grand soin de nous embarquer dans son antre (duquel du reste nous n’avons aucune envie de ressortir) et de nous le faire visiter pièce par pièce. Entre relâchement et intensité, sa musique offre des territoires contrastés, exaltants, purs, souvent lumineux, festifs également. Nul doute que le combo réussira à séduire le public !
Bref, tout cela pour vous dire que, non, malgré un ton moins rentre dedans, ce vendredi n’est pas plus pop que le jeudi. Il montre juste une facette plus nuancée d’un rock indépendant qui regorge d’idées et de personnalités.