LA SUPER CATHEDRALE, revue d’effectif
On vous dégrossit la programmation de La Super Cathédrale qui aura lieu du 21 au 24 juillet prochain.
Nous commençons cette revue d’effectif par les artistes et groupes présents le jeudi soir. Nous retrouvons, les deux scènes confondues, Tramhaus, Vulk, Crack Cloud, The Bobby Lees, Reptiles et Lumer.
TRAMHAUS.
Tramhaus nous vient de Rotterdam, Pays-Bas, et sa musique suinte un désespoir écrasant, comme si l’horizon, pour ce groupe mixte (3 mecs, deux nanas) s’avérait couleur plomb. Oeuvrant dans un post-punk lourd, écrasant, ils laissent peu de place à l’espoir ou à la joie. Ici, tout semble sortir du fond des entrailles.
Souvent répétitives, comme pour nous faire entrer de force leurs convictions dans le crâne, les mélodies deviennent vite obsédantes. La rythmique est proche de la tachycardie, les guitares sont parées d’effets typés années 90’s (n’étant pas sans rappeler celle de Nirvana par certains aspects), et la voix semble un cri en provenance direct des entrailles du chanteur. On apprécie ces motifs qui reviennent en boucle, qui nous entrainent dans une forme de transe, pas festive, mais qui relate bien un malaise ambiant, comme si la fin d’un monde était déjà consommée, comme si une société nouvelle, renaissant des cendres de l’ancienne, repartait sur de bien mauvaises bases.
Les fondamentaux punk ne sont pas loin, avec ce sentiment de menace imminente, cette envie d’en découdre synthétisée par des guitares incisives et évoquant un orage ayant éclaté. Nerveux, mais paradoxalement introverti, la musique du combo reste ancrée en tête, comme une mauvaise gueule de bois. Alors, pour en contrer les effets pervers, on remet le couvert. Le show s’avèrera, à n’en pas douter, prenant, usant, et surtout intense. On en frémit d’impatience !
VULK.
C’est d’Espagne que provient Vulk, de Bilbao plus exactement. Et c’est un rock métissé que propose le groupe. En gros, il nous évoque le post punk avec des éclairs de sax, un rock démentiel pas loin de l’esthétique d’un Red Hot Chili peppers inspiré, avec une basse de belle facture (euphémisme pour dire qu’il nous emballe totalement ce jeu de basse, entre mélodie, énergie dansante et groove obsessionnel). Pour le reste le chant est en basque (nous semble-t-il) et donne un charme tout particulier au groupe. Si, dans le monde du rock, au sens large, l’espagnol reste peu utilisé, le basque, lui, est carrément rarissime. Son usage est ici plutôt rafraîchissant et se marie à merveille avec ce presque post punk lumineux.
Déjà responsable de plusieurs méfaits depuis 2015 et son premier 45 tours (le groupe est plutôt prolifique puisqu’il a sorti, outre ce 45 t et deux singles, un EP 5 titres et trois albums, un de 8 titres, un autre de 9 titres et le dernier à ce jour, Vuk Ez Da, 10 titres), le groupe propose une musique tout en retenue, en tension. Elle se démarque de la concurrence par un sens aiguisé du rythme, une voix plutôt claire, une énergie potentiellement dévastatrice. Les constructions s’avèrent parfois déroutantes, puisqu’elles osent les changements rythmiques marqués, excitants au demeurant.
Nous sentons chez Vulk une volonté d’aller là où personne ne les y attend. Le groupe possède par exemple un petit truc presque jazzy dans sa besace, une envie d’en découdre et paradoxalement de faire danser, presque à la cool. Le mélange doit être super excitant sur scène, entre invective révolutionnaire et amour de la mélodie qui chante. Voir le quatuor sur scène promet d’être une belle expérience, inédite.
CRACK CLOUD
Son nom figure parmi les têtes d’affiche de cette édition de La Super Cathédrale. Et ce n’est pas étonnant. Car pour qui ne connait pas Crack Cloud, collectif canadien en provenance de Vancouver, Canada, la surprise peut s’avérer de taille. Le groupe pratique un rock au sens très large du terme car il va du post punk à la pop, en passant par des expérimentations parfois free jazz.
Dur de cantonner la formation à un style, mais cette démarche est voulue. Indépendant de A à Z (les membres du collectif conçoivent les visuels, la communication, l’artistique entre eux, à leur vision), Crack Cloud se veut différent tout en étant fédérateur. Nous retrouvons donc, dans leur musique à proprement parler, une véritable identité artistique qui sait se montrer accessible, sans pour autant faire dans le compromis douteux.
En ce sens, sa musique s’avère riche, très nuancée mais sachant rester homogène et cohérente. Le ton est plutôt sombre, parfois oppressant (le titre Tunnel Vision, en vidéo ci-dessous, en est un très bel exemple), même s’il laisse parfois la lumière éclore en plein jour, comme une éclaircie dans un monde trop étouffant. Soufflant le chaud et le froid, proposant une variété dans leur musique, autant de tempo que de sonorités, Crack Cloud s’avère particulièrement intéressant, peut-être plus réfléchi et ambitieux que nombre de groupes de son époque.
LUMER
Pour rappel, nous avions chroniqué l’ EP Disappearing Act de Lumer qui nous avait mis un beau taquet derrière les oreilles. Post punk abrasif, dégageant une urgence monstrueuse. Mais plutôt que de longs discours, on préfère vous remettre le lien vers la chronique (cliquez sur le nom de l’EP ci-dessus) et vous dévoiler un clip qui vous donneront une petite idée du potentiel ravageur du groupe anglais.
REPTILES
Comme pour Lumer, nous avons très récemment parlé de l’univers de Reptiles. Post rock, new wave, romantique, désespérée, intense, sa musique représente l’esprit d’un homme embourbé dans son sentiment d’être un raté, abreuvé qu’il est par l’alcool et la mélancolie. Pourtant, la beauté pointe le bout de son nez dans des passages plus lumineux. L’expérience promet d’être transcendante.
THE BOBBY LEES
Sans doute un de nos gros coups de cœur de cette première moitié de 2022 que le groupe protégé de Jon Spencer. The Bobby Lees produit un punk rock dévastateur qui n’était pas passé outre nos radars. Vous pouvez évidemment retrouver la chronique sur le site à ce lien, mais on vous met quand même leur dernier clip en date, histoire de vous rappeler de bons souvenirs !
Auffret
#
Bien
Reply