5 groupes à ne pas manquer aux Trans 2022.

affiche « Patchwork » oeuvre réalisé par Mademoiselle Sophie en 1994
Sélection de groupes incontournables.
Alors que débutent ce jeudi les 44é rencontres Transmusicales de Rennes, nous nous arrêtons sur 5 groupes qu’il ne faut absolument pas manquer. Fort logiquement, nous aurions pu élargir notre sélection, cependant la limiter à 5 groupes permet aussi de faciliter, parmi cette proposition tous azimuts, le choix et les déplacements sur le parc expo. C’est parti pour ces groupes à ne pas manquer.
Astéréotypie.
Ce groupe est l’un de nos coups de cœur de cette année. En effet, formé en partie par des artistes atteints d’autisme (Claire, Stanislas, Yohann, Aurélien et Félix) et d’autre part par des musiciens émérites (appartenant au groupe Moriarty), c’est sous la férule de l’éducateur des premiers, répondant au prénom de Christophe (membre à part entière du groupe), que le projet prend forme. En résulte plusieurs albums dont le dernier en date, à savoir Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme, est une pure merveille rock et poétique. Car oui, ce disque est une tuerie musicale, allant du rock soutenu à une forme libérée de post punk, voire electro punk, qui ne s’embarrasse pas des clichés selon lequel le français ne sonne pas rock.
Cette magie qui opère est due à quoi ? A des textes tranchants, jubilatoires, qui mettent en exergue le regard tout particulier sur la vie et la société de leurs auteurs et autrices. En effet, n’attendez ici aucune pose, aucune prétention, aucun onanisme artistique, les songwriteurs d’Astéréotypie foncent droit devant eux, avec leur propre langage, leurs propres images et leurs propres convictions. Drôles, touchants, terriblement justes, les textes font mouche et sont transcendés par une musique mordante et pertinente qui, plutôt que de s’adapter aux textes les transfigure en leur donnant le plus bel écrin qui soit. Immanquable, forcément ! (Jeudi 8 décembre, Hall 3)
TAGO MAGO
Nous avons un véritable coup de cœur pour ce duo rennais qui propose une musique à la convergence du rock (parfois presque tendance psyché), du groove et du jazz. Duo clavier batterie (comme Moundrag qui fut aussi porté par les Transmusicales), Tago Mago possède une riche palette sonore et un petit truc en plus qui fait la différence. Sans doute celui-ci réside-t-il dans le fait que le groupe ne chante pas réellement, se contentant de pousser quelques vocalises inspirées ? Peu importe car nous sentons dans sa musique une dimension totalement universelle, basée à la fois sur le rythme et un aspect tribal, dansant, qui s’avère particulièrement réussi.
Ne vous attendez pas à rester statique lors de leur prestation. Leur musique est si puissante qu’elle désinhibe totalement quiconque, même si ses aspects les plus cérébraux sautent paradoxalement aux oreilles. A la fois malin et viscéral, l’univers de Tago Mago devrait tout terrasser sur son terrain et nous proposer, en 2023, un premier album déjà fort attendu. En attendant, c’est au hall 8, samedi, que vous pourrez prendre en considération toute la majesté de leur set !
MEULE.
Nous avions eu un crush pour ce trio originaire de Tours et que nous avions découverts par le prisme de leur premier album, explosif et hors cadre. En effet, la musique des trublions s’embarrasse peu des convenances et offre à vivre une expérience unique, puissante, véritable plongée au cœur de ce que la musique peut révéler de plus profond en nous. 2 batteries face à face, du chant et des claviers modulaires (et une guitare) (en arrière-plan) font ressortir un aspect totalement foutraque de ce qui peut se passer dans la caboche d’un mec un peu azimuté. Très math rock dans ses structures, très techno dans ses rythmiques, très rock dans l’attitude, c’est à un show kraut libéré et décomplexé qu’il nous est offert d’assister ce jeudi, hall 3.
N’attendez pas à être caressés dans le sens du tympan, ni même à être bercés de douces illusions quant à des mélodies trempées dans un adoucissant, c’est au contraire un monde inédit et fou qui va s’offrir à vous, baigné d’une énergie à haute teneur en vitamine. Le show sera forcément magnétique, épidermique, et mérite absolument qu’on s’y arrête et qu’on s’y perde.
ZAHO DE SAGAZAN.
Elle ne sera pas sur le site du parc expo mais se produira à L’Aire Libre durant les 5 jours du festival (du mercredi 7 au dimanche 11). Pourtant, il ne faut pas manquer l’un de ses shows. Pourquoi ? Parce que cette nana-là possède un pouvoir magique, celui de nous envoûter par sa présence charismatique, due en partie à la présence de sa voix, mais également par la précision de ses textes. Autant chanson française qu’électro-pop, Zaho De Sagazan possède une aura peu commune qui transcende un peu tous les genres musicaux.
On peut y voir une écriture rock, comme minimaliste, une musique triste comme étincelante de vie, une dimension prophétique comme une exploration d’une psyché blessée ou lumineuse. Cette artiste étonne par sa maturité, par sa capacité à électriser l’air ambiant et à créer le frisson. Bref, elle s’avère déjà comme l’un des grands noms de cette édition, comme un des grands noms des décennies à venir (on le lui souhaite en tout cas).
GRACE CUMMINGS
Un peu comme Zaho De Sagazan, Grace Cummmings possède une voix à même de nous amener à nous damner. Rock matinée de folk, sa musique dégage une personnalité brulante, brillante, qui ne manque jamais de nous émouvoir. Venant directement d’Australie, elle évite les clichés et lourdeurs américains et anglais permettant à sa musique d’acquérir une ampleur toujours inédite, car façonnée en partie par un pays aride, aux codes un peu différents du reste du monde.
Cela nourrit forcément l’inspiration de Cummings qui promet de belles réjouissances, toutes en nuances et sensibilités.Forcément, on pensera un peu, voire beaucoup, à Joni Mitchell, pourtant, même si ces deux grandes dames évoluent dans une musique aux accents similaires, leurs fortes personnalités permettent justement de ressentir un autre frisson. A découvrir le samedi, au Hall 3.
A voir aussi :
Oui, on ne pouvait pas ne pas citer Ceylon , un de nos groupes chouchous de ces dernières années, victime, peu de temps après la sortie de Où ça en est, leur album, du confinement. Vous aurez l’occasion de découvrir le rock psychédélique du groupe à l’Ubun le jeudi. A ne pas manquer non plus Beau Bandit, qui sera lui aussi présent jeudi, mais à l’étage du Liberté. Ce groupe, dont on ne sait pas grand-chose, à part le clip partagé il y a peu dans l’une de nos playlists, propose une pop intelligente et charnelle à découvrir sans bouderie aucune.
On continue également avec Mowdee et son gangsthouse. Univers très éloigné de nos goûts habituels, ce producteur, rappeur et DJ basé à Rennes à pourtant de quoi séduire (nous, il nous a déjà conquis) avec sa musique hybride entre rap et techno. Lui aussi sera à l’étage, mais vendredi. A découvrir tant son style unique et original prote déjà de belles promesses.
Immanquable également les Belges de Sons dont on vient juste de chroniquer l’album, tout comme les anglais de kid Kapichi, les deux groupes oeuvrant dans un rock énervé haut en couleur. On vous conseille également de découvrir la drôle d’americana electro folk rock des féroïens Koboykex (jeudi, hall 3) tant celle-ci s’émancipe des clichés américains en proposant une relecture « à la cool » par un duo pas totalement comme les autres.
Patrick Béguinel