Quelques mots 12. Interview audio non diffusable

apple jelly tchernobyl interview audioAPPLE JELLY nous a parlé de Tchernobyl…

…mais l’interview audio est non diffusable…

Un jour, un type a dit : « ne remets pas à demain ce que tu peux faire le jour même ». Et nous de lui rétorquer « si demain existe, c’est bien pour cette seule et unique raison ». Du coup, on a fait trainer la publication de l’interview téléphonique menée avec Apple Jelly autour de son EP, le terrifiant et exaltant Tchernobyl.

Et comme des connards, on a perdu l’enregistrement de celle-ci. Et comme elle remonte à quelque temps, et qu’on a déjà abusé de la gentillesse de BEnn qui a pris de son temps pour répondre à nos questions, on n’a pas eu envie d’embêter à nouveau le groupe. Alors on va vous la faire à l’ancienne, en retranscrivant, avec ce que notre mémoire a emmagasiné d’informations, ce sur quoi portait notre conversation (et en présentant nos plus plates excuses à Apple Jelly pour cet amateurisme qu’on espère définitivement mort et enterré).

Donc, pour re-situer le contexte : Tchernobyl est un EP 5 titres paru le 11 juin, jour du 35é anniversaire de la catastrophe nucléaire. Répondant à une commande de Slip, qui réalise les clips du groupe, et qui en fait partie intégrante, le thème a nécessité une foule de recherches pour cerner au mieux les enjeux en présence à l’époque des faits. Ainsi, Apple Jelly a remonté le temps, à base d’archives diverses, notamment télévisuelles (INA), pour se faire une idée de l’ampleur de la catastrophe d’une part, et sur l’énorme manipulation médiatique d’autre part.

Glaçant.

La première est une tragédie sans nom, une guerre invisible contre laquelle les habitants de Prypiat, d’Ukraine, et même d’une certaine partie de la population européenne, ne pouvaient absolument pas se défendre. Le terme de guerre invisible fait évidemment aussi référence au propos de notre Président de la république,en rapport avec la pandémie mondiale, même si, dans le cas de Tchernobyl rester confiné chez soi n’avait aucun effet contre les radiations. Bref, BEnn a creusé les archives et fait remonter à la surface pas mal de témoignages édifiants, des propos, des images, des mensonges qui ont donné corps à la musique de l’EP.

Le but d’Apple Jelly est d’amener à faire prendre conscience de faits plus ou moins dramatiques par le biais de la musique. Si leur électro amène le quidam à venir se déhancher sur le dancefloor, portant la paradoxe gravité du thème/plaisir ressenti à l’écoute (ou aspect presque joyeux de sa musique), son sujet n’est jamais vain. Dans le cadre de cet EP, les notes sont sombres, lourdes de sens, seul Everlasting day possède un côté un peu lumineux, renforçant encore le tragique de ces vies (et celles des enfants en particulier) puisque certains étaient condamnés à une mort rapide, pour d’autres à des malformations et cancers sur des générations.

Les images (sonores, y compris des extraits de discours, en français ou en russe) sont donc édifiantes et trouvent un écho dans la musique de l’EP. Lourde, angoissante, faisant retentir des alarmes anxiogènes, tout y est poisseux, exprimé dans des camaïeux de couleurs cendres, grises, noires, opaques. Comme le grand mensonge soviétique d’alors, des politiques de ce qui était encore l’URSS, et des journalistes de notre beau pays.

Défiance.

Forcément, même si l’idée de l’interview audio n’était pas là, nous n’avons pu nous empêcher de faire le parallèle avec les événements sanitaires qui nous poursuivent depuis plusieurs mois. La défiance après les révélations concernant le fait que le fameux nuage radioactif ne s’est pas arrêté à la frontière allemande ayant sans doute érodé d’une part notre confiance envers les politiques français, mais également en notre presse. Et donc forcément, vu l’opacité actuelle autour de cette maladie qu’est le covid19, l’interrogation du « qu’est-ce qu’on va apprendre dans 20 ou 30 ans de cette pandémie ? » a fait surface.

Sans vouloir jouer les complotistes de bas étage, la question néanmoins s’avérait toutefois pertinente. Car du temps de Tchernobyl, certains médias n’ont pas fait leur travail correctement, et à l’heure de l’info en continu, nous sommes en droit de nous poser les mêmes interrogations. Quoi qu’il en soit, les manipulations étatiques eurent vraiment lieu, pour « protéger » la population d’une panique somme toute légitime. Sans parler de l’incroyable silence russe qui a déplacé des populations entières sans leur exposer les faits, sans leur expliquer que leur vie, et celle de leurs enfants, petits-enfants allait être gâchée par le jeu morbide des atomes.

Fake news.

Alors, à force de « canulars » (comment les nommer autrement), allant jusqu’à pousser le vice en marquant, au sol, l’endroit exact où s’est stoppé le nuage (paroles de journalistes audibles dans le morceau Le grand mensonge fermant l’ep), les médias ont joué avec leur crédibilité en divulguant, peut-être sous la contrainte ou peut-être par laxisme (flemme d’aller voir un peu plus loin que le bout du nez de ce que les autorités voulaient bien leur dire/montrer) des énormités. La défiance envers la presse et les politique, 35 ans plus tard, trouve sans doute en grande partie ses fondements dans ces scandales de l’époque.

Pour utiliser le terme exact, nous parlons de Fake news (et celles-ci ne datent pas d’hier). C’est ce qu’a constaté BEnn en exhumant les sources « officielles » des archives. Certaines d’entre elles devraient très bientôt être montées et visibles dans la vidéo de ce morceau, ce qui a de quoi nous glacer le sang. Nous tenons aussi à préciser que la rigueur de cette recherche menée par Apple Jelly les a poussé à se renseigner auprès des archives et non pas à travers le prisme de la série télé, par exemple, ou de divers « objets de divertissement » pour rester dans cette « vérité » absolue, journalistique et officielle.

Grand bien leur en a pris car l’EP est d’une force tellurique, apocalyptique, terrifiante. Malgré tout, il y a de la beauté, dans leur musique, qui transparaît dans le chant, à nu, à vif, sans retouches, d’un titre comme There’s a death you can’t see. Il s’agit d’un véritable cri du cœur face à cette mort qu’on ne peut voir. Pour celui-ci, BEnn a décidé, lors de l’enregistrement, d’y mettre toute son âme, avec une pudeur crue, magnifique.

L’interview.

Cette interview nous a donc permis d’approfondir le sujet autour de cet EP, de découvrir des motivations profondément ancrées dans la conscience du groupe. Si faire danser les gens reste un des leitmotiv du groupe(et nous espérons sincèrement qu’ils pourront très vite le refaire pleinement et entièrement sur scène), il ne se fera jamais sans sens. Cette rencontre, même si nous ne pouvons malheureusement pas vous la restituer comme nous l’aurions voulu, était d’une force incroyable et nous promettons que dès que le groupe ressortira quelque chose, on fera les choses en grand, en plus beau, et surtout sans les remettre au lendemain.

Mea maxima culpa comme dirait l’autre.

Et encore un grand merci à Apple Jelly pour sa générosité lors de cet entretien.

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