REPORT DU SAMEDI 20 AOÛT RDR #30
Nu comme un ver (re) de bière.
18h sur le site, les lunettes de soleil (retrouvées) sur le nez, nous voilà repartis pour la 3é et dernière journée du Festival de la Route du Rock. Au passage, il est juste de féliciter la logistique du festival. Je ne parle pas que des bénévoles « objets perdus qu’on finit parfois par retrouver », mais de l’ensemble de ceux-ci et de la structure renforcée cette année (Chapiteau mutualisé avec le festival No Logo, sanitaires plus nombreux, Food trucks). Avant d’entrer dans le vif du sujet de ce report du samedi 20, quelques mots plus globaux sur l’ambiance.
L’entrée d’un festival et son chemin d’accès sont généralement propices aux premières observations et commentaires des « nouveaux arrivants », mais aussi au premier soulagement des moins tenaces. C’est donc à l’arrivée sur le site que j’entends un petit garçon de 9 ans s’interroger devant ce mobilier urbain contemporain, autrement appelé « urinoir » dire à son papa « tu crois qu’il y a des toilettes normales pour garçon ?» Effectivement, ceux-ci me paraissaient également extrêmement perchés. Une anecdote, oui ! Mais un fil conducteur prémonitoire à cette belle journée du Samedi qui allait se terminer en apothéose avec un groupe lui aussi très perché, mais je vous en parlerai tout à l’heure.

crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Début des festivités.
C’est au trio féminin BIG JOANIE qu’il revient d’entamer les réjouissances du jour. Un plaisir partagé, l’esthétisme est au rendez-vous, les looks sixties soignés et la voix enveloppante de Stéphanie Philips est bien mise en valeur par l’accompagnement à la basse d’Estella Adeyeri. Il n’y a rien de très « punk » dans ces mélodies qui groovent, plus qu’elles ne hurlent, et c’est très bien ainsi.
Suit le groupe londonien des VANISHING TWINS et leur pop mystique et ésotérique. Un jeu de rotations et de mimes et nous voilà avec une chanteuse et des musiciens à double facette.
Cette journée commence par des belles surprises et témoigne de la curiosité musicale du programmateur.

WU-LU crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Changement de style avec Miles Romans-Hopcraft, alias WU-LU du « punk cérébral » inclassable et déjà hors normes. Son album « Loggerhead » fraîchement sorti le 8 juillet dernier sur le label Warp interrogeait déjà par sa photo de couverture et les personnalités décuplées du leader. Cet ancien adepte du skateboard slalome entre rock underground, punk, jazz lofi et hip-hop au gré d’un set ou progressivement les guitares se musclent puis s’abandonnent au profit du dub et du rap. Excellente énergie en tout les cas, mise au service de textes vindicatifs. Une musique qu’il dit engagée et aux services « des ignorés, des sous représentés et tous ceux sans voix » mais jamais agressive .
Suite exigeante.
Autres univers BEAK> et son rock principalement instrumental . « Content d’être là ? » interroge Geoff Barrow, batteur et chanteur du groupe. Le public de passionné répond par les acclamations.Le producteur anglais, membre créateur du groupe Portishead, demande encore : « Vous vous êtes baignés ?» en écho au soleil malouin rayonnant du jour. Il est vrai que le groupe avait assuré précédemment une prestation pluvieuse au festival de Berlin. Billy Fuller le guitariste assis tout le long du set, une statuette de la vierge Marie posée sur son ampli, y était peut-être pour quelque chose dans ce beau temps tout au long du festival. Quoi qu’il en soit, le concert était au diapason pour les amateurs de musique Krautrock.

BEAK> crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Un univers plus sombre se profilait avec le groupe DITZ, surtout si l’on se fiait à l’écoute de leur Album Alcopop. Finalement le jeune chanteur à la coupe de cheveux improbable « une Du Guesclin» m’expliquera une festivalière philosophe ayant particulièrement apprécié ce concert, assure un show tendu entre guitares saturées et chant scandé. C’est vrai qu’il y a un petit quelque chose de Kurt Cobain, avec la tension d’un Joe Talbot (Idles) qui, succombant lui-même au charme du groupe, l’a élu « meilleur groupe de Brighton, sinon du monde ». Un début de conquête en tous les cas.
Autour de TY SEGALL de revenir pour le 3é fois à St Malo accompagné des FREEDOM BAND. L’héritier musical d’un Neil Young « qui aurait pu être son père » me commentait un amateur, a conduit un show particulièrement apprécié. Cheveux au vent et guitares pointées au ciel, le californien a livré une prestation passant du calme à la tempête et se terminant par un « Joyeux anniversaire au festival » des plus sympathiques.

PVA crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Une fin de festival dantesque.
Changement de style avec les anglais de PVA que l’on retrouve sur la petite scène. Un mélange de son soutenue par la batterie « non électronique » de Louis Satchell complétant à merveille les claviers et chant d’Ella Harris et de Josh Baxter. Un beat rapide, dansant sur un chant parlé, c’était si renversant que le claviériste en est tombé en arrière. Ces trois-là font du chemin et on imagine un succès de leur futur album « Blush » attendu en Octobre prochain. Peut-être une révélation ?
Il restait à voir le 29é groupe, remplaçant de Luxe des KING GIZZARD, à savoir les FAT WHITE FAMILY. À cette heure de la nuit avancée, je m’attendais à une performance déjantée, mais couverte ( il fait un peu frisquet à 1h du matin). Alors quand Lias Saoudi le leader du groupe s’avance vers nous, vêtu de ce que je qualifierai de « slip short » couleur peau soutenue par une belle paire de bretelles, je n’en crois pas mes yeux. « Non il ne va pas le faire ?».
L’illusion de nudité est presque parfaite et l’impression de folie (douce) déjà ressentie. Il marche presque sur l’eau et avance, après avoir enroulé 30 m de câble vers, sur, sous, son public, qui n’en revient pas. 10 minutes de charabia sur fond musical à vous mettre en trans et le bonhomme hurle et invective le public avant de scander « I want to go home !», « remontez-moi sur la scène !! ». On est revenu à la folie du punk, c’est déroutant, trash et hypnotique. Oui mais voilà ce n’est que le début !

Fat White Family crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Apothéose !
Ces anglais ont l’air d’avoir de sérieux problèmes psychiques, comme ils ont su le dire, et en même temps (comme diraient certains) sont de très très bons musiciens. Les titres s’enchaînent, le record du monde de descentes/montées de marches scène/fosse/public est pulvérisé. « Il a soif le bougre », il arrose son public d’eau, celui-ci ayant parfois la fâcheuse et pas très respectueuse manie de lui renvoyer gobelets vides ou pleins de bières. Un rendu provoquant « gagnant-gagnant » pour l’ambiance générale. De toute façon si vous voulez en découdre avec le chanteur, Lias vous retrouve toutes les 15 minutes, porté sur le dos, en slamant par des mains ravies et rougies d’applaudissements.
Restait à finir cette superbe prestation, Nu comme un « Ver » ? Non, provoquant ! mais professionnel jusqu’au bout, avec tout de même une canette dans le slip qui à défaut d’être pratique, rafraîchira sûrement un corps mis à dur effort. « Le concert du Festival » pour moi et j’en avais vu 28. Alors, j’espère que le petit garçon, croisé au début de la journée avec son papa, sera resté jusqu’au bout de cette édition et que sa première question aura trouvé réponse. Oui il y a des toilettes normales et des chanteurs fous mais c’est si bon ! C’est sûrement ça la magie du ROCK AND ROLL.

Fat White Family crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Replonger dans l’ambiance du jeudi et du vendredi.
Fabrice et L’Oreille Classée
Depuis mon adolescence j’écoute de la musique. Mes gouts ont évolué au gré de mon acné mais se sont très rapidement orientés vers un Rock plutôt sombre, au premier abord, mais toujours lumineux une fois qu’on a parcouru le chemin de la mélodie. Des CURE aux SMITHS en passant par NEW ORDER, cela vous donne un indice sur mon âge et de mon terrain de jeu de prédilection. Derrière cette coquetterie, se cache une vraie passion.
Depuis toujours : j’ai l’oreille curieuse et tendance à classer les choses. Un TOC ? Non ! une exigence vis-à-vis d’un art majeur et ce d’autant quand il s’exprime en Live.
Fabrice et l’oreille classée est une page musicale que j’ai créé il y a 2 ans. A travers mes chroniques je cherche à faire connaître à un maximum de personnes cette musique, qui me remplit l’esprit et me fortifie le cœur. Je ne suis pas nostalgique d’un passé révolu mais tourné vers le moment présent, avec un œil dans le rétroviseur de temps en temps, tout de même.
Le live est un moment intemporel, il révèle (ou pas) l’artiste.
Je vis l’expérience de la scène généralement après une écoute approfondie des albums du groupe. Maîtriser son sujet, en restant d’abord dans le contrôle et se laisser ensuite balayer par l’émotion individuelle puis collective. De vrais moments de communion que j’aime ressentir et retranscrire en toute humilité dans les live report. Une petite histoire, à l’écoute des spectateurs et au service de la musique. Sérieux le garçon !
Concentré, certes, mais toujours disponible pour parler musique autour d’une bonne bière entre 2 concerts.
Rejoindre la page Facebook de Fabrice et L’Oreille Classée.