Live report du Vendredi 19/08/22 Route du Rock #30.

crédit Fabrice et l’Oreille Classée
« Le Grand requin Blanc »
Nous nous étions couchés tard à l’issue d’une première journée de la Route du Rock très « dansante » et/ou remuante. Nous nous sommes levés tôt ce vendredi matin avec les images de la veille encore bien présentes en tête, mais également avec cette interrogation : est-ce que ce sera aussi bien aujourd’hui? Éléments de réponse avec ce report du Vendredi, deuxième jour de festivité du festival.
Changement de jour, de météo et d’humeur. Il ne fallait pas parier trop vite sur une absence de pluie pour le Week-end. C’est un crachin, puis de belles averses bretonnes qui nous accueillent. Panique à bord !! « Où est ce que tu as mis le poncho ? » « je ne vais quand même pas y aller en bottes en pleine année de sécheresse !! Optes pour des crocs à talon alors !! »
Un stress « de luxe » en comparaison de celui que doivent gérer les équipes techniques et les bénévoles du festival. Allez du cailloux, huile de coudes et le tour est joué. Et si on commandait du soleil ? Chiche ! C’est magique il est livré à 18h30 sur le site, pile à mon arrivée. Ce n’est pas le poncho qu’il fallait prendre, mais bel et bien les lunettes de soleil !! ( au passage perdues, ami(e) s lecteurs, si vous les retrouvez…).

Los Bitchos crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Direction les scènes.
Les premiers festivaliers ont déjà migré vers la scène des remparts et écoutent Anouska SoKolow du groupe HONEYGLAZE. La jeune chanteuse alterne le clavier et la guitare pour un démarrage tout en douceur entre pop et jazz soul.
Les LOS BITCHOS emboîtent le pas sur la grande scène, pour le début des festivités, si on en croit le titre de leur album « Let the Festivities begin ! » Ils demandent au festivalier de bouger les bras sous le soleil pour un set avant tout musical. « C’est marrant, ça s’écoute, mais plus en musique de fond », me dira un festivalier. Quelques titres plus musclés et toujours aussi rythmés pour finir leur prestation et nous laissons là nos 4 musiciennes, pour en retrouver d’autres plus « attendues », à savoir le groupe PORRIDGE RADIO.
Première formation attendue en ce deuxième jour.
Elles paraissent toutes timides, voire même stressées en arrivant sur scène. Pourtant Dana Margolin, l’âme ( habitée) du groupe devrait avoir de l’assurance, les critiques de ses deux premiers albums sont dithyrambiques. La presse ne manque pas d’éloges pour ses textes et son chant parfois qualifié de désespéré. Alors ?

Porridge Radio crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Alors, au bout d’un titre, je suis conquis et le public aussi. Accompagnée de Georgie Scott aux claviers, au look « so british » (chaussettes hautes et bob sur la tête), de la bassiste Maddie Ryall et du batteur Sam Yardley, Dana Margolin va faire monter l’émotion crescendo, jusqu’au cri de désespoir. Et la musique suit, non seulement elle n’est pas agressive, mais elle met en valeur la voix singulière et pleine d’émotion de Dana. On est pas dans la « chialade redoutée » mais dans un moment de partage collectif, de sincérité et finalement d’espoir, le set se terminant en sourires.
Elle ne veut pas qu’on l’aime « I don’t wanna be loved » hurlé sur le titre « Birthday Party », dommage pour elle ! on va l’adorer.
Kevin Morby.
Passé l’émotion , il est temps de retourner sur la grande scène, où un autre Grand Monsieur nous attend, Kevin MORBY. Son groupe et lui sont déjà en place. Héritier de Bob Dylan ( entre autre), le « p’tit gars » du Kansas s’inspire des racines du Folk, de la country et du rock américain. Il présente avec une très belle orchestration les titres de son dernier album « This is a Photograph ».

Kevin Morby crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Veste à franges OR, roses en boutonnière, le show est maîtrisé et très apprécié par le public arrivé massivement. Les musiciens sont très bons et le saxophoniste Cochemea Gastelum complète à merveille les balades nostalgiques de MORBY. Les chansons sont belles et souvent nostalgiques, même si derrière des titres entraînants comme « Rock Bottom » on ne devine pas toujours la gravité des textes. Kevin MORBY exergue le passé et prêche la prudence à la jeunesse marchant sur les rives du Mississipi, en hommage à son aîné Jeff Buckley et sa « Grace » perdue.
Au tour du groupe DIIV d’enchaîner. Lui aussi est attendu par les fans, un retour gagnant des sons 90 et du Shoegaze. Un son malheureusement« étouffé » me dira un festivalier ! La bande de Zachary Cole Smith, casquette et sweat à capuche, a su relever la tête du shoegazer ( lequel est réputé jouer les yeux fixant ses shoes). Derrière un son Lo Fi et des guitares distordues, ils ont enclenché la machine à remonter le temps : « Ride, My Bloody Valentime, et un peu de Kurt Cobain », le tour est joué.
Baxter Dury.
La soirée est bien avancée quand le Quinqua préféré des quadras et autres quinquas (mais des autres aussi) va se présenter sur la grande scène. Que nous réserve le Dandy Dury ? Le voilà affublé d’une combinaison orange à matricule, libéré d’une prison américaine ou d’un autre type d’établissement. Qu’importe, la voix est là, grave, sensuelle.

Baxter Dury crédit Fabrice et l’Oreille Classée
L’ attitude déjà nerveuse, le pas rapide, il tourne en rond sur scène. Quelques pauses suggestives et le show peut véritablement commencer. La combinaison tombe comme un rideau qui s’ouvre sur une scène de théatre. le Dandy britannique, dans son smoking blanc, est magistral, sûr de lui et déjà provocateur.
Sourire narquois, pause martiale (la pratique de l’aïkido semble maîtrisée), le showman est dans la place. Et il tourne, et il tourne, ce n’est plus un lion en cage c’est un grand requin Blanc. Mr Maserati est un shark, tueur de photographes et séducteur invétéré. La classe froide !!
Musicalement, on est au top. Baxter n’est pas seul. Madelaine Hart, partenaire de Dury depuis une dizaine d’années, est la voix féminine qui permet un contrepoids parfait au rugissement du fauve. « I m not your dog » « Porcelain ». Madelaine n’est pas une simple choriste et claviériste, elle est le complément du crooner, libre de danser sur les rythmes suaves et chaleureux.
Chaleureux et combatif.
La basse rebondie autour de Baxter qui multiplie ses gestes d’aïkido. Il veut déséquilibrer son public qui n’est pas un adversaire, même s’il lui demande de lui faire sentir sa présence. Il l’avoue, il nous aime, mais il veut sentir notre présence « I love you send me your Smell ». Il aime aussi ses musiciens qu’il remercie à la fin du set. Le grand requin blanc repart au large après une bonne heure de concert .
Le « combat » n’est pas terminé, Baxter revient , chemise de boxeur « prince of tears », nous asséner 3 derniers coups de poing qui font un bien fou aux amateurs de « Cocaine man ».
« Ce type est un génie » me dira un fan invétéré. Pour nous, il est un dandy qui s’invente des personnages aux mille facettes tout en dérision et émotions, ce qui fait de lui le Prince de ce vendredi.

Baxter Dury crédit Fabrice et l’Oreille Classée
Après le sommet, dur de se remettre en jambes.
Difficile après cela de développer les prestations des SNAPPED ANKLES, ovni musical mélangeant des sons électroniques et des paroles engagées. L’art tribal et les masques primitifs ont séduit un public plus jeune, mais qui s’est déjà éclairci.
Le duo catalan The LIMINANAS, qui était programmé en toute fin de soirée à 1h du matin, a assuré le show de manière plus que convaincante, même si tardivement, mais avec toute l’attention du public encore présent. Un set puissant, des images animées projetées en noir et blanc collant parfaitement avec la bande-son garage électronique, pour un spectacle en cinémascope.
Voilà la soirée se termine et il est déjà temps de rentrer, un peu KO, mais une nouvelle fois heureux.
Découvrir le programme de ce samedi
Fabrice et L’Oreille Classée
Depuis mon adolescence j’écoute de la musique. Mes gouts ont évolué au gré de mon acné mais se sont très rapidement orientés vers un Rock plutôt sombre, au premier abord, mais toujours lumineux une fois qu’on a parcouru le chemin de la mélodie. Des CURE aux SMITHS en passant par NEW ORDER, cela vous donne un indice sur mon âge et de mon terrain de jeu de prédilection. Derrière cette coquetterie, se cache une vraie passion.
Depuis toujours : j’ai l’oreille curieuse et tendance à classer les choses. Un TOC ? Non ! une exigence vis-à-vis d’un art majeur et ce d’autant quand il s’exprime en Live.
Fabrice et l’oreille classée est une page musicale que j’ai créé il y a 2 ans. A travers mes chroniques je cherche à faire connaître à un maximum de personnes cette musique, qui me remplit l’esprit et me fortifie le cœur. Je ne suis pas nostalgique d’un passé révolu mais tourné vers le moment présent, avec un œil dans le rétroviseur de temps en temps, tout de même.
Le live est un moment intemporel, il révèle (ou pas) l’artiste.
Je vis l’expérience de la scène généralement après une écoute approfondie des albums du groupe. Maîtriser son sujet, en restant d’abord dans le contrôle et se laisser ensuite balayer par l’émotion individuelle puis collective. De vrais moments de communion que j’aime ressentir et retranscrire en toute humilité dans les live report. Une petite histoire, à l’écoute des spectateurs et au service de la musique. Sérieux le garçon !
Concentré, certes, mais toujours disponible pour parler musique autour d’une bonne bière entre 2 concerts.
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