LES DISQUES CULTES DE LITZIC Histoire de Melody Nelson
Le bijou pop de Gainsbourg
Enfin un disque culte de Litzic provenant de France, et pas n’importe lequel car il s’agit sans doute d’un des joyaux de notre patrimoine musical, tout comme il s’agit du chef-d’œuvre de son auteur. Nous allons vous parler d’Histoire de Melody Nelson de l’immense Serge Gainsbourg.
Nous en entendons déjà dire que son chef-d’œuvre est L’homme à tête de chou et nous leur répondrons que oui, il est aussi plutôt réussi, mais pas autant que ce monument pop rock qu’est Histoire de Melody Nelson.
Dès que nos yeux se posent sur la pochette…
Tout commence déjà par la pochette. On y voit une jeune Jane Birkin, très garçonne dans son jeans rapiécé, poser sur fond bleu, tenant serrée sur sa poitrine nue une peluche. Culte et aisément identifiable, elle annonce la couleur de ce disque concept en tout point parfait.
Comme toute histoire, il y a un début et une fin. Sur le même thème musical, le premier et le dernier titre évoquent un accident. Le premier, Melody, raconte celui de la rencontre entre la jeune fille et le narrateur. Le dernier, Cargo culte, raconte la disparition de la jeune fille et la fin de cet amour sulfureux.
Un thème musical imparable
Le thème musical est porté par une basse ronde, puissante car suggestive. Elle permet à Gainsbourg de renouer, en quelque sorte, avec une approche jazz même si la suite l’oriente vers une pop rock classieuse. Dès les premières sonorités de batterie, Gainsbourg commence sa narration. La voix est mise en avant, grave, par encore détruite par les excès de clopes et d’alcools. Il y raconte la collision avec sa Rolls Royce Silver Ghost de 1907 avec la bicyclette de Melody. Coup de foudre.
Les cordes sont présentes, appuient les effets dramatiques avant de faire ressurgir ceux plus romantiques qui habilleront le reste de l’album (à l’exception, vous vous en doutez, du morceau de fin). L’électricité des guitares ne tarde pas à surgir, pour mettre en exergue la poussée émotionnelle qui va unir Melody, 14 automnes, et quinze étés, à ce narrateur bien plus âgé.
La perfection
Dans ce disque, tout est absolument parfait. La langue utilisée par Gainsbourg est d’une véritable richesse, évite les facilités, nous plonge dans l’histoire de ce couple et nous fait ressentir l’amour qui les lie. Sa diction est parfaite, claire, toujours dans ce spoken word un rien nonchalant que nous lui connaissons (loin de ses premiers disques où il faisait l’effort, non vain, de chanter). La musicalité de l’ensemble est absolument géniale. La production est d’une telle modernité qu’il est impossible de savoir que ce disque est sorti en 1971. Sa durée aussi est parfaite, à peine plus d’une demi-heure pour tout dire, pas de superflu, tout est ici essentiel.
Les guitares sont tranchantes, la basse envoûtante, la batterie peut s’avérer sèche ou plus cotonneuse, les cordes sont divines, la poésie de Gainsbourg était au firmament, entre raffinement et provocation, mais sans aucune vulgarité, non, tout est ici d’une classe incomparable, empêchant le souffre de brûler la soie de ces compositions à la fois simples et complexes, évidentes et très recherchées.
Certains ont sans doute entendu Gainsbourg parler d’art mineur en parlant de la chanson (en tête à tête avec Guy Béart). Il disait cela en parlant de chansons écrites vite fait qui lui avait permis de gagner sa croute, au détriment de belles chansons n’ayant pas marché à l’époque où il voulait être reconnu pour sa plume. Avec Histoire de Melody Nelson, aucun doute possible, la chanson de Gainsbourg était du très très grand art !
un autre disque culte de litzic ICI