[EP] DOPPELHANDEL, Obverse // spleen disco.

Nouvel EP de DoppelhanDel, déjà disponible.

Il y a, dans L’Agrestie, de David Le Golvan, dont nous avons publié la chronique en début de semaine, toute une partie consacrée à une histoire se déroulant dans une boîte de nuit, dans la deuxième moitié des années 80. Et c’est marrant, car en écoutant Obverse, le nouvel EP de Doppelhandel, nous avons l’impression de retrouver, d’une certaine manière, noble, un peu de cette époque.

Il y a en effet quelques effets qui nous ramènent inexorablement à cette époque de notre adolescence. Ni tout à fait festive, ni tout à fait dépressive, mais dans une sorte d’entre-deux saisissant. Nous retrouvons ceci dans le caractère dansant du duo, un côté festif, fluo, ou de lumière noire, mais aussi paradoxalement dans cette voix portant en elle un spleen épais. Ces deux dimensions en créent une troisième, celle propre à Doppelhandel, à la fois grave et défoulante, sérieuse et frivole, importante et superficielle.

Attention, ne prendre aucun de ces termes de façon péjorative. Il faut de la superficialité et de la frivolité, pour lâcher-prise, pour respirer (sans masque) lors d’une période sombre comme la nôtre, et pour ne pas se prendre trop au sérieux. Danser, transpirer sur des beat bien sentis, ça fait du bien, autant au corps qu’à l’esprit, et Dopplehandel le saisit parfaitement, sans être à côté des pompes de l’époque dans laquelle nous évoluons actuellement (artistiquement parlant).

Grave.

Parce que ce duo sait mettre une dose de gravité dans sa musique. Il y a une rigueur incroyable dans la recherche des sonorités (relativement sombres, presque cold wave si on va par là), dans cette voix qui déclenche chez nous un tsunami d’émotions violentes, dévastatrices. Certes, ce n’est pas très objectif, il ne s’agit que de notre ressenti. Mais ce qui est plus objectif en revanche, c’est cette maitrise vocale incroyable, ce timbre bien particulier qui se love quelque part dans notre tête et dans notre ventre.

Et puis, derrière, ça déroule. Un saxo nous surprend là où nous ne nous y attendons pas, des rythmes certes binaires mais possédant un corps organique. Ils sont tentants, ces rythmes, ils vous prennent par la main pour vous guider sur la piste en vous disant qu’on s’en fout du regard des autres, qu’il faut vivre pour soi et fuck les autres. Et puis il y a cet aspect vintage, daté des années 80-90, comme une nostalgie qui ne nous quitterait pas d’une semelle, tout en étant paradoxalement remise au goût du jour, moderne, dans la construction pop des morceaux (avec les moyens techniques d’aujourd’hui également).

Perdre nos repères.

Nous y perdons à la fois nos repères spatiaux et nos certitudes. Il faut dire que Obverse est bien fait, très bien fait, que la production parvient à nous placer dans un monde qu’il nous reste à investir comme nous le sentons, comme nous l’imaginons. Le choix de l’anglais s’y avère donc pertinent puisqu’il fait tomber nos barrières et nos inhibitions, même si le très beau Douleur adolescente, en français, nous prouve (en était-il véritablement besoin ?) que le groupe sait écrire en français, très bien là aussi, et toucher à l’universel dans ses thèmes.

Ce six titres dégage quelque chose d’unique, un déséquilibre vers l’avant, qui nous invite à ne pas catégoriser les choses, à ne pas placer une musique dans une case plutôt qu’une autre, mais à nous dire au contraire que tout est possible, tant que nous ne nous fourvoyons pas à faire ce qu’on attend de nous, mais véritablement à nous exprimer tel que nous le sentons, tel que nous devons le faire. Disco, pop, électro, Doppelhandel brouille les , avec Obverse,et multiplie les plaisirs. Et ça fait un bien fou, croyez-nous sur parole !

doppelhandel obverse

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