[ CONVERSATION ] avec ALICE BOINET (programmatrice d’ART ROCK)

Nous avons échangé avec Alice Boinet, programmatrice du festival ART ROCK, autour de la programmation de cette édition 2020.

Lorsque nous avions vu tomber les premiers noms du festival Art Rock, édition 2020, nous étions un peu partagés, ne sachant pas comment s’articulerait cette édition répondant au nom de Supernatural. Mais une fois le casting complet dévoilé, nous avons été rassuré. Il se dégageait en effet une forte cohésion, quelque chose de viscéral dans la proposition globale de l’affiche. Et ce malgré une programmation une nouvelle fois très large dans ses inspirations. Nous avons discuté de tout cela avec Alice Boinet, responsable de ce petit tour de force.

Une affiche saisissante.

Nous allons commencer par vous parler du visuel du festival. Celle-ci nous a fait très forte impression (et c’est un euphémisme, nous le trouvons incroyable ce visuel ! ). Elle nous montre un paysage minéral, n’étant pas sans nous évoquer Mars, la planète rouge. Sur un ciel bleu sombre se dessine une sorte de lune (ou satellite naturel) ouvrant sur un autre univers, liquide imaginons-nous. L’artiste argentin Eliseo H.Zubiri nous place dans le contexte du surnaturel avec ce visuel saisissant, dessinant les contours du thème, Supernatural, de cette édition 2020 du festival.

La liste des artistes présents confirme la donne. Entre les grands noms (IAM, Katerine, Sébastien Tellier, The Divine Comedy…) et ceux d’artistes promis à un bel avenir (Yseult, Malik Djoudi, MNNQNS, DI#SE…), la programmation nous offre un tour d’horizon tous azimuts de ce que l’univers musical promet de plus « surnaturel » en matière d’émotions.

Supernatural.

L’envie d’Art Rock est, cette année, d’évoquer les univers des différents artistes dans ce qu’il a de transcendant. Chacun des groupes ou artistes présents dépassent en effet, par ses propositions, le simple cadre de l’évocation (de sentiments, de sensations) pour celui de la projection hors des sentiers battus. Autrement dit, quitte le naturel environnement musical pour proposer une immersion totale dans une autre dimension, à la fois festive, émotionnelle et visuelle.

En ce sens, la présence de Sébastien Tellier (sur la scène du Grand Théâtre de La Passerelle) devrait procurer de jolies sensations avec son univers unique (son prochain album a pour fil conducteur les appareils ménagers). Il en est de même pour le show hors normes prévu par Étienne de Crécy (passé maître en la matière au fil des ans et de la réinvention de son univers), ou Kompromat par exemple, qui agrémentent leur musique d’un show visuel inédit dans le cadre du festival Art Rock. Pour le côté émotionnel, chaque artiste programmé ira remuer le spectateur par son parti pris artistique, entre engagement physique (Crows, Glauque, Yseult…) et identité plus qu’affirmée (Stéphane Eicher, The Divine Comedy…).

Les coups de cœur Bretons.

Initié l’an dernier, les coups de cœur Bretons seront une nouvelle fois mis à l’honneur. Les bénéficiaires de ce petit coup de pouce se verront officier sur la Scène B durant les trois jours, à l’exception de Levitation Free qui officiera sur la scène du Forum de La Passerelle (véritable chaudron à l’ambiance survoltée, souvent tremplin pour de nombreux groupes qui reviennent à Art Rock, sur les autres scènes). Parmi les coups de cœur nous retrouvons Lesneu (dont nous avons chroniqué le très bel album Bonheur ou tristesse sortie vendredi dernier), Guadal Tejaz et Di#se.

Ceux-ci démontrent que la proposition musicale bretonne ne se cantonne pas aux traditionnels binious ou bombardes . En effet, Dream pop, pop indé, rock psyché et rap sont ici au rendez-vous et seront mis en avant par le festival. À noter que Levitation Free bénéficie en plus d’un soutien particulier de la part d’Art Rock et de Bonjour Minuit à travers une résidence de 4 jours qui permettra au musicien de peaufiner son jeu de scène en amont du festival. Ce dispositif avait permis à Buck, l’an passé, de briller sur cette même scène B.

Coronavirus.

Il était impensable de passer outre à l’interrogation que suscite le vilain virus sévissant sur le territoire depuis maintenant plusieurs semaines. L’interdiction de rassemblement de plus de 1000 personnes étant en vigueur depuis le 08 mars et prolongé jusqu’au 15 avril ne devrait pas, nous l’espérons, concerner l’édition 2020 d’Art Rock (qui aura lieu les 29, 30, 31 mai prochain). Alice Boinet et l’ensemble de l’équipe d’Art Rock restent optimistes sur ce point et espère bien être le événement majeur qui fêtera le retour à la normale et lancera la saison des grands festivals de la plus belle des manières !

Pour le reste, nous avons posé des petites questions qui resteront en off (eh oui!) mais qui nous démontrent que cette année encore Art Rock joue la pluridisciplinarité de sa proposition. Sans quotas, le festival propose une affiche équilibrée, laissant à tous les styles la possibilité de s’exprimer pleinement. Rap, rock (et ses dérivés), electro seront une nouvelle fois à l’honneur, sur toutes les scènes, pour un maximum de plaisir et de partage.

Fidélité.

Si le public d’Art Rock lui est fidèle, les artistes le sont tout autant. Certains d’entre eux reviennent ici pour la deuxième fois, voire plus ! On pense notamment à Skip the use qui revient pour la troisième fois (plus une avec la présence solo de Matt Bastard), Katerine, Kim Gordon (qui était venue avec Sonic Youth au début des années 2000 pour un show monstrueux qui reste gravé dans notre mémoire et qui sera là pour une des seules trois dates sur le territoire Français cette année !), Étienne de Crécy, Stéphane Eicher. Cette fidélité témoigne d’un respect mutuel du festival envers les artistes et les spectateurs.

Ce respect, nous l’avons parfaitement ressenti à travers la conversation que nous avons eu avec Alice Boinet, tout comme la sincérité de la démarche du festival. Sincérité de proposer des artistes aux univers variés, faisant fi de tout a priori quant aux origines sociales ou artistiques, avec pour seul but de partager des cœurs de cœurs, des univers singuliers, forts, beaux, au plus grand monde. Si tout se passe bien (nous pensons toujours au coronavirus), la fête devrait être folle à Saint-Brieuc fin mai !

Notre sélection !

Certes, nous jetterons une oreille des plus attentives sur certains groupes cités par Alice Boinet (que nous gardons en off pour ne pas faire de jaloux), mais nous avons aussi nos petites préférences. Nous vous les dévoilons ici.

Pour faire simple, nous dirons simplement que tous les groupes proposés au Forum de La Passerelle nous attirent particulièrement. Nous n’allons pas tous les citer, mais deux ou trois éveillent fortement notre curiosité. Et quand on sait l’énergie qui est déployée en ces lieux, nous nous préparons d’ores et déjà à un raz-de-marée de pulsions euphorisantes (l’an dernier, le show de Viagra Boy nous avait retourné la tête). Bref, nous attendons de pied ferme Working Men’s club (Royaume-uni, vendredi 29), Structures et MNNQNS (France, samedi 30), et Crows (Royaume-Uni, dimanche 31), mais les autres groupes ne seront pas mis à l’index, nous les suivront de près également.

Sur la scène B, nous attendons particulièrement Lesneu, Guadal Tejaz (qui nous avions loupé au Binic Folk Blues festival l’an dernier), Yseult, Glauque, Kim Gordon (forcément), avec une curiosité pour les artistes rap ou hip-hop présents comme Di#se ou Lujipeka. Le timing sera serré pour voir tout ce beau monde, nous tenterons de nous organiser au mieux.

Grande Scène.

Pas mal de choses à voir et à écouter également sur la grande scène . On pense notamment à Kompromat, Katerine (ben ouais quand même), IAM (forcément, groupe culte tout de même), Tinariwen, The divine comedy (toujours à part). Et puis nous aimons aussi particulièrement Sébastien Tellier, qui officiera au Grand Théâtre de La Passerelle. Dure dure sélection en perspective à effectuer sur les diverses scènes !

Bien entendu, nous irons aussi nous promener un peu au musée avec l’exposition Supernatural, notamment pour y voir la sculpture La famille invisible de Théo Mercier, mais également les détournements de Blase ou l’installation interactive Liminal de Louis-Philippe Rondeau. Parce qu’Art Rock, c’est aussi du spectacle gratuit, avec notamment les musiciens du métro (cette année Blue Grey, Forsafunk, Joylie, Le Duo Paradoxe, Tales, mais aussi, toujours au Village Art Rock, Oozz, Ventil’brass et Toukan toukän).

Trois jours de festivité qui devraient nous épuiser mais surtout nous ravir et nous laisser une empreinte une nouvelle fois indélébile en tête ! Dans un prochain article, nous vous détaillerons un peu plus en détail la programmation. Un grand merci à Alice Boinet de nous avoir accordé un peu de son temps pour échanger sur le festival et ses couleurs « Supernaturales » !


art rock 2020 alice boinetSi les pass 3 jours toutes scènes sont épuisées, il reste des forfaits 3 jours Grande Scène et Scène B disponibles et des billets jours également.

Infos supplémentaires sur le site officiel Art Rock ICI

Ajoutez un commentaire