BENJAMIN BIOLAY, Saint-Clair
Sortie le 9 septembre 2022 (Polydor/Universal)
Composé de dix-sept titres, dont une belle mais courte introduction musicale orchestrale, le nouvel album de Benjamin Biolay regorge de pépites rock mais aussi de chansons plus acoustiques. Avec en point d’orgue un duo avec Clara Luciani.
Les 33 secondes de Calidum cor, frigidum caput lancent avec entrain le nouvel album de Benjamin Biolay, le surdoué de la chanson française. L’enchainement avec Les joues roses parait évident. Encadré par trois musiciens habitués à tourner avec lui, Pierre Jaconelli (guitares, basse), Johan Dalgaard (claviers) et Philippe Entressangle (batterie), Benjamin Biolay donne de la voix avec passion sur ce second titre.
Le suivant, Rends l’amour, est une réussite absolue. Premier single de l’album, il tourne déjà en boucle sur les radios et télés grâce notamment à un clip particulièrement réussi et ce malgré ses paroles à la fois surprenantes (« Et je m’en vais te cueillir des fraises » pour assurer la rime avec « Et je me jette de la falaise ») et entêtantes jusqu’au final trivial, repris plusieurs fois dans la chanson : « Je te baise ». Après ces deux extraits plutôt rock, une pose s’impose. Elle durera les temps de deux titres mélancoliques, Les lumières de la ville et (Un) Ravel. De la beauté là où il n’y en a plus remet du peps dans l’opus.
Santa-Clara Luciani
Et la voilà enfin, la première partenaire féminine. Le titre s’appelle Santa-Clara et la grande gagnante est donc Clara Luciani. La chanson est rythmée et vraiment réussie. Le duo joue au chat et à la souris avant de mêler ses voix avec passion. Un titre sur la rupture, après un amour de vacances, là encore calibré pour les rotations lourdes sur les radios et les télés. Passons la jolie ballade orchestrale Sainte-Rita pour apprécier Petit chat, chanson rock et passionnée soutenue par des synthés analogiques. L’un des meilleurs titres de l’album, avec des paroles endiablées sur un amour fou perdu.
Benjamin Biolay n’a décidément pas son pareil pour parler de ses conquêtes et surtout de ses amours déchues. C’est encore le cas avec Pieds nus sur le sable et son gimmick entêtant. Saint-Germain est à l’inverse une chanson d’amour quasi tragique avec, comme souvent, son refrain imparable et touchant. Une histoire sans lendemain chante Benjamin Biolay en référence à « un amour de Deauville ».
Une transe électronique
Dans Numéros magiques son côté bad boy ressort sur une transe électronique faisant même référence … aux versets sataniques ! Une chanson hypnotique qui change totalement de style et parait parfaite pour être jouée par les DJ des discothèques un peu borderline. Malgré son début très calme, Pourtant reste l’une des plus belles chansons de la galette avec son refrain pouvant faire penser, de loin, à Dalida, et qui emporte tout sur son passage.
Une deuxième interprète féminine apparait sur Mort de joie, encore une chanson d’amour perdu. Il s’agit de Nathy Cabrera, la bassiste de Benjamin Biolay sur la tournée. Forever parle toujours d’une passion amoureuse mais l’on retiendra surtout de cette fin du disque La traversée, une chanson à texte explicite sur les migrants. « Ce soir encore la mer va cracher le sang » chante Benjamin Biolay transformé en chanteur engagé sur une rythmique lancinante.
Enfin, the last but not the least, Saint-Clair, la chanson-titre, clôture avec fougue l’album. C’est une référence à l’enfance de Benjamin Biolay, sur le mont-Saint-Clair, du côté de Sète. La chanson est là encore enjouée et très réussie avec ses cordes en introduction mais difficile à déchiffrer à moins qu’il ne s’agisse d’une nuit soutenue à grands coups d’amphétamines …
Une pièce de choix
Au final, Saint-Clair, dixième album de Benjamin Biolay, a été réalisé par Benjamin Biolay et Pierre Jaconelli, enregistré par Marc Portheau au Studio de la Seine à Paris et par Erwin Autrique au Studio ICP, Bruxelles, et mixé par Pierrick Devin au Studio Good Boy Studio. Enfin, par Alex Gopher s’est occupé du master au studio Translab.
Saint-Clair s’affirme déjà comme une pièce de choix dans la discographie de Benjamin Biolay. Difficile de dire s’il est meilleur ou moins bien que le précédent, le déjà excellent Grand prix, mais il est à la fois orchestralement très riche, musicalement très bon et porté par des textes qui font mouche. Un disque qui devrait s’affirmer comme le must de cette rentrée 2022.
Pat
Ancien rédacteur en chef à Publihebdos, Patrick Auffret a également collaboré durant 20 ans avec le magazine Longueur d’Ondes. Il travaille régulièrement avec l’agence photo Dalle et ses clichés ont été publiées dans divers journaux nationaux (Le Monde, Les Inrockuptibles, Rock&Folk, …) et internationaux.
Il est aujourd’hui web-reporter pour Rock&Folk et président de l’association dédié au spectacle vivant Out of time.
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