[39], du sens, des émotions, la vie
Nouvelle sélection musicale du 08 octobre 2021.
Une playlist doit faire sens. C’est pourquoi elle commence et s’achève avec deux morceaux qui sont chers à notre cœur. Entre eux s’intercalent la passion, la douceur, les émotions à transmettre d’urgence. Bref, plus que jamais, cette playlist symbolise la vie, tout simplement.
GABY DUBOISJOLI
C’est un titre un peu particulier qui ouvre cette playlist (et qui fait sens pour nous). En effet, il y a quelques mois, litzic avait lancé un appel à participation pour un projet visant à mettre en relation, par le jeu du tirage au sort, un auteur ou une autrice avec un musicien ou une musicienne. De nombreuses réponses ont afflué, et la qualité était au rendez-vous à tous les étages, ainsi que les surprises.
Les artiste musicaux découvraient « leur » texte et devaient faire la musique en fonction de leurs inspirations, parfois à des kilomètres de leur univers, et ce en un minimum de temps. Aujourd’hui, Gaby Duboisjoli sort J’veux des frissons sur toutes les plateformes.
le duo formé avec Sy Ly (autrice), mis en musique par cette musicienne dont on vous avait parlé il y a un certain temps déjà, donne un résultat bluffant. Nous avons pu suivre son évolution de ses premiers tours de piste, jusqu’à cet aboutissement mixé et masterisé. Il dépasse bien des espérances, notamment parce qu’à l’époque, les musiciens et musiciennes ne pouvaient pas se rendre librement en studio. Enregistrement maison, échanges par mail, tout aurait pu empêcher cette sortie (ce qui n’est fort heureusement pas le cas).
Exceptionnellement, nous ne vous déposons pas de lien pour un youtube ou un soundcloud (un extrait est disponible sur le lien menant aux plateformes), on vous invite, pour Gaby et Sy ly, à acheter le morceau. Faites nous confiance (on ne gagne pas d’argent dessus donc c’est dénué d’intérêt que nous en faisons la promo), il est très bien fichu ce titre, ambiance/club lounge, avec chant en français forcément de très belle facture, texte magnifié par cette touche électro soft et entraînante (possédant néanmoins une petite touche sombre).
MEIMUNA
Cette chanteuse nous fait décidément un gros effet. Nous aimons, dans Courage, tout comme nous l’aimions déjà dans Skagen, sa délicatesse d’orfèvre, tant dans le choix des sonorités, de l’agencement des arrangements, que dans le choix de ses mots.
Sa poésie nous touche de façon simple. Sans vouloir déclencher l’émotion en tirant de grosses ficelles, Meimuna parvient a créer un sentiment de proximité directe entre ses ressentis et les nôtres. Ainsi, nous dérivons dans cette musique teintée d’onirisme aux paroles confondantes, nous troublant bien au-delà du dicible. Magnifiquement pur, et beau.
EKKSTACY
Nous vous avons déjà parlé d’Ekkstacy (il ouvrait même l’une de nos playlists) mais nous ne résistons pas à l’envie de recommencer. Sans doute parce que c’est une très bonne came que celle proposé par le garçon. Ici, nous naviguons quelque part aux abords du shoegaze, de la cold wave, mais toujours avec un goût prononcé pour la mélodie qui s’infiltre en vous et ne vous lâche plus d’une semelle.
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, nous vous annonçons que son premier album sortira le 12 novembre prochain. Nommé Negative, il sortira chez United masters. On a déjà hâte de vous en dire plus à son sujet !
PHOEBE GREEN
Cette jeune artiste de 23 ans est l’un des grands espoirs de la scène anglaise. En effet, ses premiers singles l’ont propulsé dans divers endroits forts convoités (playlist, presse pointue, NME également) lorsqu’on rêve un jour de crever le plafond de verre de nos rêves. Encensé par la presse, elle déboule avec son nouveau single So grown up et son clip en relation (les deux amies , désormais adultes, reviennent sur les lieux ayant abrité leur jeunesse, avec pour fil conducteur cette amitié de 10 ans et une tonne de souvenirs communs).
La pop de Phoebe Green n’usurpe pas la très bonne réputation qui la précède. En effet, de façon bien à elle, elle fait affleurer la mélancolique de sonorités plutôt légère, même si les couplets restent fermement ancrés au sol. Si le morceau possède une certaine gravité, les motifs de clavier la rendent plus aérienne (sur les refrains notamment) qui font de So grown up une redoutable machine à rêver, à danser.
FISHTALK
Nous avions déjà évoqué l’EP Shutdown de Fishtalk. Le groupe revient aujourd’hui avec la vidéo de Générique. Et que dire de plus si ce n’est que ce titre, sans même regarder l’image, nous fait pleurer. Non, pas de peine ! De cette sorte de joie incroyable d’avoir, en France (!), un groupe capable de sonner à ce point comme Mark Linkous (Sparklehorse) qui nous manque tant.
Délicate, fragile, feutrée, la musique du combo nous touche au cœur, sans passer par la case départ. C’est superbement aérien, doux comme le baiser d’un ange, et, avec les images, nous transporte dans un monde onirique plein de couleurs. Bref, des morceaux comme ça, on en veut tous les jours de l’année.
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NICK WHEELDON
Voilà un morceau qui fait du bien, qui nous rappelle les grandes heures des balbutiements de la musique pop telle que nous la connaissons aujourd’hui. Mais le morceau n’est pas extirpé d’une vieille malle rangée au grenier depuis des lustres, puisque le morceau est tout récent et annonce un album à sortir le 5 novembre prochain chez Le pop club records dont nous ne cesserons de répéter qu’il a un infini bon goût. La preuve une nouvelle fois avec Every street that we knew, parfait du début à la fin.
SILVERBACKS
Une très bonne nouvelle que ce Archive Material, à la fois titre du morceau et de l’album de Silverbacks. Pourquoi ? On y retrouve un petit peu de ce phrasé à la Squid, reposant sur des rythmiques bien pêchues, le tout engoncé dans une sorte de bonne humeur contagieuse. Le groupe Irlandais, mené par Daniel O’Kelly, propose un titre malin, à la mélodie qui reste en tête, le tout reposant sur une composition futée qui nous laisse sur notre fin. Il ne reste donc qu’à attendre l’album du même nom qui sortira en janvier chez Full Time Hobby.
GHOST ON THE SECOND FlOOR
Comme un air de sacré dans le chant. Sur une base de peu de chose, quelques cordes grattées, un choeur, lui aussi empli de spiritualité, un peu de clavier, la composition se dévoile dans une quasi-nudité. Il règne ici une ambiance de recueillement, quasiment religieux, mais pas tout à fait non plus. Malgré cette relative sobriété, il y a une ardeur qui se dégage du titre, l’extrayant de la ballade pure pour le placer dans une veine rock éthérée. À découvrir pour sa force incandescente, passionnée.
ABIODUN OYEWOLE
Juste parce qu’on aime. Et que ça ne s’explique pas. Parce que nous sentons le feu sacré, le même perçu chez Gil Scott Heron, parce que des fois les mots non pas tant d’importance que ça pour nous faire rêver, dériver. Soul, spoken world, ce titre est brûlant, un point c’est tout. Que dire de plus ?
PROPHECY PLAGROUND
Folk plutôt très bien faite, superbement arrangée, qui cache bien son jeu. En effet, quelques glissements bien sentis nous font dériver d’une folk song 100% positive vers des rivages plus sombres qui lui apportent une direction plus contrastée. On aime ce changement de paradigme qui dégage dès lors une densité nouvelle. Bien joué !
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THE LIQUOR STORE
Jazz, et électrique, et aussi un soupçon de rock attitude font de ce Shady Business une pièce immanquable du groupe. Il y a du groove, d’entrée de jeu, un parfum de mystère, ou de film noir, de ceux qui datent un peu mais qui restent gravés dans nos souvenirs, parce qu’ils étaient simplement bons. Bonne, la musique qui nous coule dans les tympans l’est assurément. The liquor store possède en effet la recette magique pour rendre le jazz funky, accessible de tous tout en restant intelligent. Très très bien joué !
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RED NOBILIS
Pop rock, avec des passages vocaux évoquant, de près ou de loin, Matthew Bellamy de Muse. La composition nous donne, à nous aussi envie de jouer avec l’amour, ou simplement avec notre amour de la musique. Bien fait, dégageant un truc positif, une rengaine nous donnant envie d’être simplement bien dans nos baskets, Red Nobilis nous procure de la joie avec ce titre pas prétentieux, dégageant une spontanéité « à l’anglaise ». Bref, c’est très bien fait, et surtout d’une efficacité discrète mais bel et bien présente.
AMBRE
On termine cette playlist par un morceau sorti le 2 octobre, journée internationale contre les violences. Son propos est donc plutôt lourd et nous met face à nous-mêmes, face à nos réactions, parfois à ces regards que l’on pose ailleurs que là où ils devraient être. La voix, nue, égraine un texte qu’il n’est nul besoin d’analyser. Il parle de lui-même, en mêlant sa force intrinsèque avec celle de son interprétation.
Musicalement, on est sur une presque douceur, soutenue par une guitare électrique apportant une rugosité pour ne pas faire de ce morceau une friandise, synonyme de légèreté, de frivolité. Un titre en point final de cette playlist pour indiquer que nous pouvons tous, à notre échelle, réagir, ou ne pas laisser agir.