NICOLAS REY Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis

Le dossier du mois de juillet, et celui du mois d’août, sera exclusivement basé sur des ouvrages parus aux Éditions Au Diable Vauvert.

Plus ou moins récents, tous sont très différents. Vous allez donc découvrir l’univers de cette maison d’éditions originale.

Avec sa belle gueule de dandy romantique (non, nous ne sommes absolument pas jaloux, essayons-nous de nous convaincre en regardant à travers nos regards délavés les visages fatigués que sont les nôtres), nous imaginions que Nicolas Rey écrivait des bluettes sentimentales un peu niaises. Et nous nous trompions lourdement. Avec son roman Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis, nous sommes plongés au cœur d’une bluette sentimentale pas du tout niaise.

Revenons déjà à ce titre de roman, absolument parfait, qui claque comme une bonne fessée dans nos mémoires parasitées par les années nous séparant de l’enfance, cette période dorée durant laquelle nous nous foutions de tout, du réchauffement climatique, de la politique et du FN, et de la vérité. Alors, sans aucune finesse, nos parents nous sermonnaient sur ce dernier point en nous culpabilisant d’avoir éhontément menti.

Ce titre est également la toute dernière phrase du roman. Magistralement amenée, elle termine un roman bref mais percutant, qui nous laisse sur la rétine un sentiment d’achevé parfait. L’histoire est celle de Gabriel, écrivain, père d’un garçon, séparé de sa mère, séparé également de sa dernière conquête. Mais le hasard d’une réunion parent/prof lui fait faire la connaissance de Catherine, l’instit’ de son fils. Coup de foudre, attirance mutuelle et découverte de l’orientation politique de celle-ci, membre du Parti National alors que Gabriel louche plutôt à gauche. Concrétisera-t-il ce coup de foudre en relation amoureuse durable ?

Nicolas Rey écrit comme il respire. Nous sentons un souffle de spontanéité traverser les 156 pages du roman. Cette spontanéité nous amène à penser que tout ceci a été écrit sans forcer, sans travail non plus, comme s’il s’agissait d’un roman écrit d’un jet, sans la moindre faute, ni de goût, ni d’orthographe/grammaire. Bien évidemment, il y a un travail de fou d’effectué sur cet ouvrage (Si jamais Nicolas Rey veut nous contredire, il peut le faire en commentaire), personne ne peut arriver à une telle perfection (ou plutôt dirons-nous précision) sans un gros travail en amont et en aval du simple exercice d’écriture. Mais ce côté j’écris comme je parle, j’aligne les mots comme je pense, est simplement parfait, entre équilibre de la langue et inventivité du propos.

Aucun temps mort dans ce roman. L’auteur y alterne moments crus et moments poétiques, introvertis, sans perdre de son impact. En choisissant la brièveté, il nous prend par les tripes et ne nous relâche qu’au tour de passe-passe final (la phrase titre du roman, nous l’avons dit plus haut, vous suivez ?). Nous aimons particulièrement le ton désinvolte utilisé de bout en bout, comme si Gabriel subissait un peu tout ce qui lui arrive même s’il se reprend quelques pages avant la fin. L’amour lui fait tourner la tête, le fait s’interroger, mais sera-t-il plus fort que les convictions qui sont les siennes ? Le coup de foudre sentimental aura-t-il le même impact sur lui que le coup de foudre météorologique s’abattant sur la cime d’un arbre ? Pour avoir a réponse, nulle autre solution pour vous que de vous précipiter sur ce roman qui pour nous est un véritable coup de cœur.

De quoi nous dire que si nous ne sommes pas jaloux de la belle gueule de Nicolas Rey (oui, nous nous mentons et nous n’iront donc pas au paradis), nous avons toutes les raisons de l’être de son talent de conteur.

CGFD

Comments (1)

  • DON CARPENTER, Un dernier verre au bar sans nom - LITZIC

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