MAHRK GOTIÉ Spiritus mundi
Nous avions laissé Mahrk Gotié à la fin de son premier roman, Les Invraisemblables aventures de Monsieur Tout le monde, aventures folles d’un homme vivant plus que vraisemblablement la crise de la quarantaine. S’ensuivait des questionnements divers, sur le sens de la vie en général, sur l’acceptation de nos désirs refoulés (ou pas) et tout et tout.
Nous retrouvons Mahrk Gotié pour son deuxième roman, Spiritus Mundi (Sudarènes éditions) qui, lui, nous interroge cette fois-ci sur le sens de la mort, l’acceptation de notre non-être, sur la réincarnation…
Pour de vrai ?
Oui et non.
Sarah ne se souvient de rien. Elle ne reconnaît ni le monde dans lequel elle vit, ni les être qui le peuplent, tandis que tous semblent la connaitre. Elle est perdue, pourtant la raison de sa présence paraît à la fois évidente et connue de tous. Qui est-elle ? Pourquoi est-elle là ? Qu’attendent-ils tous d’elle ?
Dis comme ça, le pitch ne dévoile pas grand-chose. Et lorsque nous lisons les premières pages de Spitirus Mundi, nous ne sommes guère éclairés, c’est le moins que nous puissions dire. Tout part dans tous les sens, sans suite logique, hors d’une réalité maîtrisable, bref, la linéarité de notre pensée s’en trouve déboussolé.
Ce n’est au terme que d’un certain nombre de pages (à peine une dizaine, rassurez-vous) que le puzzle s’assemble et que l’intrigue se révèle à nous, complexe et paradoxalement simple. La quête de Sarah est métaphysique et répond finalement aux questions que nous pouvons parfois nous poser (pas trop souvent parce que nous péterions vite un câble), à savoir quel est notre rôle dans cette vie, que se passe-t-il après la mort ?
A l’image d’un Bernard Werber ayant imaginé les Thanatonautes, Mahrk Gotié nous plonge dans l’après vie, à sa façon. Son écriture n’est pas pseudo-scientifique comme celle de Werber, mais émotionnelle, peut-être parfois un peu trop (l’utilisation massive d’adjectifs qualificatifs couplés aux adverbes alourdit de temps en temps la lecture).
Nous sentons au travers de cette histoire l’héroïne se dévoiler, vaincre ses interrogations grâce à l’allant dont elle fait preuve, en osant se confronter à l’inconnu, en se battant contre ses propres démons, combien même la résignation la caresse de près.
Si son premier roman était assez brut de décoffrage avec son personnage jusqu’au-boutiste, irrévérencieux, très rock n’ roll, Mahrk Gotié nous révèle une autre part de sa personnalité avec Spiritus Mundi.Son univers se veut plus onirique, moins ancré dans le réel (pour ne pas dire qu’il s’agit là d’un roman de science-fiction pure et simple) donc, plus poétique également.
Une facette qui n’est pas sans nous déplaire car elle laisse place à l’interprétation, à notre propre création de ces univers colorés dont les descriptions, faites de juste ce qu’il faut de superficialité, permettent à notre inconscient le choix des décors, des paysages, des créatures qui le hantent.
La quête de l’héroïne, quant à elle, est métaphysique, tout simplement. Faut-il se battre pour tenter de courber la ligne de notre vie, si tant est que celle-ci soit tracée par avance ? Faut-il arriver à un tel niveau de conscience que s’oublier peut parfois paraître salvateur ? Jouons-nous réellement une partie qui en vaut la peine ?
Et nous, au final, qui sommes-nous ? Sommes-nous la réincarnation d’une âme vagabonde, où se trouve notre part d’inné, d’acquis ? A quoi croyons-nous, fondamentalement ? Tant de questions qui ne trouveront peut-être jamais de réponse claire.Pourtant Mahrk Gotié, avec ce deuxième roman, nous offre une échappatoire, celle de l’imaginaire comme moyen d’évasion, de compréhension du monde, et puis, un peu, de nous-même.
Décidément, cet auteur ne cesse de nous surprendre et, déjà, nous attendons la suite de son exploration de l’être humain.