SÉLECTION EP Animeitid, Bosco Rogers, Foxtrott, Never Use After Midnight, Ginkgoa, Elsa Kopf

Pour commencer cette sélection, parlons d’Animeitid. Avec son 4 titres Kalimba, le groupe nous entraîne dans son trip hop ethnique sans que nous y trouvions quoi que se soit à redire. Mais peut-être vous demandez-vous à quoi correspond cette appellation de trip hop ethnique ? Pour le trip hop, pas de soucis. Ce style évoquera pour vous les Britannique de Portishead ou bien de Massive Attack. C’est d’ailleurs à ces derniers que nous fait penser la musique du quatuor français. La touche ethnique, elle, arrive par l’adjonction d’instruments exotiques, tels le didgeridoo, la guimbarde, le kalimba (autrement appelé piano à pouce).

Ces apports apportent une chaleur aux compositions du groupe, ou du moins un côté organique pas déplaisant du tout. Rythmée ou plus alanguie, leur musique joue sur la tension émotionnelle, souvent portée par une voix proche de la perfection. La production est maîtrisée, jouant sur des nappes superposées tissant un canevas de tessitures à la fois soyeuses, raffinées, mais aussi plus dansantes, électroniques. Un juste mélange qui rend très rapidement la musique du groupe irremplaçable dans nos enceintes.

Nous attendons avec impatience un plus long format pour voir quelle direction prendra le groupe car les titres Kalimba et Ocarinade sont assez différents des deux autres (Ride et Call, plus dansants), bien que l’ensemble garde force et cohésion.

Idéal pour un début de soirée sur la plage, pour lancer la fête quoi !

Deuxième groupe de cette sélection, Bosco Rogers. Avec celui-ci, nous partons dans un tout autre univers, plus garage, plus vintage.

Avec ce 5 titres, le duo ( ayant déjà sorti un album il y a deux ans) propose pas moins de 5 ambiances différentes (ou disons 4 et demies). Nous passons sans transition de la pop/rock tendance psychédélique fortement teintée summer of love, au surf rock garage, en faisant en détour par une sorte de country aux relents punk, avant de venir s’échouer sur une plage pop soul langoureuse. Les instrumentations sont superbes, gorgées de saveurs seventies, alternent les tempi pour mieux nous séduire.

La production est sans faute, fleurant bon l’analogie et le côté perfectionniste du groupe, mais nous nous sentons un peu baladés d’un titre sur l’autre, ce qui reste l’unique défaut de ce All Wet percutant (mais peut-être un peu trop foisonnant d’idées), même s’il manque un peu de cohésion.

Malgré ce tout petit bémol, nous percevons un énorme potentiel se dégager du groupe, quel que soit le titre et l’esprit dans lequel il évolue. C’est sûr, ils ont un truc que les autres n’ont pas, il ne reste plus qu’à sortir un deuxième album et a canaliser un peu ce potentiel de dingue !

Un autre projet, celui de Foxtrott et son 3 titres Meditations 1.

La jeune femme nous propose une sorte de RNB ou de soul très personnel, loin des standards du genre. Minimaliste, électronique, formés de boucles lascives, les titres se suivent et dégagent un univers oscillant entre un côté un peu oppressant (Intuition), un côté dansant et vaguement onirique avec ses cascades de synthés étincelants sur pulsation cardiaque de machine.

La voix de la chanteuse est chaude, à la fois hip-hop, à la fois pop/soul. Elle délimite un univers intime, révèle une douceur que caressent des chœurs inspirés (Wait) et des sonorités parfois un peu plus analogique. Le travail de production est très pointu, servant des arrangements originaux et des tessitures qui ne le sont pas moins.

Le tout évoque pour nous Bjork, non pas pour la ressemblance de la musique mais pour ce côté à part, très personnel du travail et de la recherche de sonorités inédites.

Bref, dommage que seuls trois titres soient audibles pour le moment, même s’ils sont prémices à un long format qui déjà nous tient en haleine. Mais rassurez vous, Meditations 1 n’est que le premier EP d’une trilogie qu’il nous tarde de d’entendre !

La patience a des vertus paraît-il.

Partons désormais vers un univers beaucoup plus électro, celui de Never Use After Midnight. Bon, déjà, le nom du groupe est très bon, ce qui n’est pas rien. Leur EP 6 titres Monster Blaster (excellent titre une fois de plus) se la joue Chemical Brothers avec des relents années 80 pas dégueulasses du tout (sachant qu’en général les années 80 sont bien dégueulasses question production etc…).

Nous retrouvons ici des ingrédients imparables pour une soirée réussie : des airs entraînants, facilement mémorisables (donc fédérateurs), des bpm comme il faut et une bonne dose d’imagination. Si les Chemical Brothers nous semble une inspiration évidente pour Never Use After Midnight (le titre Metamorphose master pourrait sans problème figurer sur le Surrender des Britanniques), nous pensons également à Kavinsky sur le titre Dream Design Master.

Vous l’aurez compris, des noms plutôt sympas, synonymes de qualité, auxquels Never Use After Midnight n’a absolument rien à envier. Ces 5 titres ne souffrent d’aucune fausse note, d’aucun temps mort non plus, et promettent, là aussi, un album des plus réjouissants.

Question électronique, le duo Ginkgoa s’y connaît également. Nous sommes là en présence d’un groupe a même d’enflammer le dancefloor avec son électro teinté de sonorités empruntées aux années 20 (esprit cabaret).

Portées par la voix pleine de morgue de l’américaine Nicole Rochelle (qui accessoirement est militante des fameuses Femen), les compos ont un côté rentre dedans assez réjouissant, même si la finesse est toujours de mise. Ici, pas de temps pour se reposer, ça enchaîne méchamment, avec cette légèreté due aux influences début de siècle évoquées ci-dessus.

Le mariage fonctionne à merveille, avec ces tempi élevés sur lesquels se posent parfois des sonorités de clarinettes ou de piano plutôt bien senties (sur Boy Bounce par exemple). Le chant, parfois agrémenté de spoken world est varié, démontre aussi une envie de s’affranchir des carcans et limites de l’électro simplement basés sur des bpm à haut volume.

Plutôt malin et enthousiasmant.

Enfin, nous terminerons sur la pop d’Elsa Kopf et son EP La vie sauvage.

Ne vous fiez ni au visuel de l’EP, ni même au premier titre de celui-ci, Cinderella (Cendrillon quoi), cet EP n’est pas une exploration du monde des contes pour enfants. Si la pop d’Elsa Kopf est parfois acidulée, par touches, parfois cheap, de claviers typés années 80, elle est chargée d’un esprit Do It Yourself assumé et de bonne facture ce qui rend la musique de la jeune femme consistante et plus intelligente qu’il n’y paraît.

À l’image d’un groupe comme Phoenix, toujours boudé par ici, Elsa Kopf cartonne à l’étranger (en Chine notamment) mais reste relativement méconnue en France. Pourtant, elle ne démérite pas en proposant une musique variée, riche, personnelle, alternant chant en Français, en Anglais et en Allemand (sur seulement 5 titres nous vous le rappelons). Les compositions ne souffrent d’aucune redite, pas plus qu’elle ne souffre d’une quelconque suffisance. Un léger voile d’électricité se fait entendre, nuançant le côté pop pour y apporter parfois quelques touches plus sombres, à l’image de paroles parfois (légèrement) surréalistes, pas toujours sucrées, un peu mélancoliques, mais pour autant jamais désespérées.

Une artiste sympathique que nous ne pouvions pas ne pas partager avec vous. Dommage que cet EP ne sorte qu’après la rentrée, nul doute qu’il vous aurait accompagné avec plaisir durant l’été. Tant pis, ça sera pour l’automne !

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