ODETTA HARTMAN Old rockhounds never die

L’album commence par une improvisation captée par chance lors d’une séance de travail. Jack Inslee a déclenché l’enregistrement quand Odetta Hartman s’est lancée dans cette interprétation spontanée. Elle donne le ton à Old rockhounds never die (Menphis Industries). Il sera un mélange d’ancien et de nouveau. Et surtout, il sera très réussi.

Les codes sont apparents. Dès le deuxième titre, Cowboy song, nous montons dans le train conduisant Odetta Hartman sur un chemin révérencieux des origines pour le transcender par certains ajouts modernes et inspirés. Les sonorités de banjo y côtoient des arrangements électroniques discrets. L’univers d’Odetta prend forme et nous transporte.

Quelques accords de guitares électriques se font entendre, quelques percussions caribéennes surgissent lors d’un interlude d’une minute (Smoke Break), montrant l’assimilation dont fait preuve la New Yorkaise. Son univers est hybride, folk, country, rock, soul, électro légère, tout se mélange, s’intercale, s’efface au profit d’un romantisme porté par une voix tour à tour puissante, intime, douce, insouciante.

L’ensemble ne répond à rien de préconçu tant la jeune femme possède un univers bien à elle. Elle se joue des codes et de ce que nous pouvons en attendre et présumer d’eux. En termes plus clairs, elle détruit les préjugés pour bâtir un mélange reposant sur sa voix, sur une imagination débordante et une intelligence reposant sur une impressionnante culture musicale.

Nous ressentons tout cela notamment au niveau des arrangements, du choix des orchestrations (il est bon de savoir que la chanteuse y joue de tous les instruments, son partenaire Jack s’occupant des « bidouilles » électro en captant, par exemple, le robinet qui coule qui devient ainsi une caisse claire) mais également dans la production. Celle-ci est parfois rudimentaire (sonorité de banjo captées sans traitement, restituant ainsi un caractère originel), parfois plus ronde et chaude (sur la voix, mais également sur les percussions). Elle rompt ainsi une monotonie qui aurait pu s’installer mais qui, ici, n’a aucune prise.

Old rockhounds never die s’avère captivant, étonnant (par sa brièveté et des titres extrêmement courts servant d’interludes), débordant d’une inventivité/créativité dans ses traitements et dans ce mélange permanent de traditions et de modernité.

Odetta Hartman nous offre un album riche qui nous maintient éveillé, pour ne pas dire émerveillés. Nous attendons dès à présent la suite de ses aventures tant l’univers de la chanteuse nous paraît source d’un inépuisable renouvellement.

Ce que l’avenir ne pourra que nous confirmer, nous en sommes sûrs.

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