PAINT Paint

Compositions pop parfaitement équilibrées, sens de la mélodie épurée, Paint nous livre son premier album homonyme (qui paraîtra le 02/11 chez Mexican Summer) bourré d’un charme que nous pensions oublié.

Pedrum Siadatan, puisque derrière Paint il s’agit du guitariste des Allah las) nous propulse quelque part au milieu des années soixante. En effet, nous sommes de retour en plein Summer of love, à l’époque où le psychédélisme explosait (ainsi que le LSD) et mourrait tout à la fois. Nous retrouvons dans Paint tout ce qui faisait le sel de ce mouvement, à savoir des mélodies semblables à des comptines pour enfants portées par des instrumentations légères, très pop, avec guitares acoustiques ou légèrement électrifiées et claviers éthérés.

Ce qui frappe d’emblée dans Paint, c’est la filiation que nous pourrions tisser avec l’œuvre de Syd Barrett, soit au sein de Pink Floyd, de façon brève, soit en solo. Cela est surtout vrai en début d’album ou la patte de Pedrum Siadatan approche à merveille celle de Barrett, y compris au niveau de la diction et de la voix (même si parfois nous y percevons un petit rien de Lou Reed dans son côté alangui en fin de phrase).

La similitude ne s’arrête pas là car Paint possède cette faculté de sortir des mélodies absolument parfaites reposant sur trois fois rien : deux accords qui tournent en boucle, un peu de clavier, une mélodie vocale maitrisée et le tour est joué. Nous retrouvons dès lors un côté définitif dans ses compos, qui s’avère à la fois naïf et percutant.

Tout y est simple, épuré, et nous savons à quel point il est compliqué de faire simple et épuré sans tomber dans l’ascèse. Ici, les sonorités sont chaudes, vintages, renforcées par l’aspect rudimentaire de l’enregistrement. La production est elle aussi rudimentaire, noyant l’ensemble dans un rêve sous substance. Mais attention, pas de bouillie sonore, tout est audible mais donne l’impression d’être encore perdu dans les vapes du sommeil.

La comparaison ne s’arrête pas là car le recours à certains procédés, comme jouer une partie de guitare à l’envers, fut déjà utilisé en son temps par Barrett (et par d’autres) et réinvesti sur Plastic Dream par Paint, pour un rendu pertinent. Plus loin dans l’album, nous pensons à une autre référence, celle de Tame Impala dont les sonorités se rapprochent également parfois.

Pourtant, la patte de Pedrum Siadatan lui est vraiment personnelle. Il n’y a dans cet album aucune contrefaçon, aucun plagiat. Les claviers possèdent des tonalités qui sont propres à Paint, idem concernant les traitements apportés aux guitares. Ces particularités font que Paint se démarque de ses références pour nous convier à entrer dans son univers, univers recelant des petites touches très personnelles, magiques car relevant d’une certaine innocence.

Au final, nous sommes en présence d’un album psychédélique à l’ancienne ne souffrant d’aucune nostalgie. Une prouesse quand nous pensions que tout avait déjà été dit en la matière. Pourtant, en réveillant nos souvenirs, Paint les réactualise de la plus sincère et enivrante des manières.

Pour revoir le clip de Daily Gazette, c’est par ICI.

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