PHILIPPE AZAR Au bord (première partie)

Au bord

Je crois que c’est dans CONFESSIONS que ROUSSEAU explique que l’homme noir ne doit sa condition de nègre qu’a son absence de révolte, sa servilité assumée, son manque de courage et si l’on continue de lire entres les lignes, très certainement à sa condition de sous homme en comparaison à l’homme blanc.

En 5 minutes, on comprend rapidement que le grand ROUSSEAU n’était pas aussi grand qu’on ne le pensait et que la période  DES LUMIERES  était une arnaque aussi grosse que le nazisme, les avions renifleurs, la démocratie et le décaféiné.

Qui pourrait sérieusement penser que le mouvement DES LUMIERES que l’on vante dans tous les programmes scolaires, soit à l’avant-garde de l’évolution de l’humanité, alors qu’il vantait l’esclavage et la soumission.

On a presque tous compris, aujourd’hui, que l’esclavage n’était pas respectable, mais on respecte toujours ceux qui le défendaient. Le devoir de mémoire ne touche que celui qui est impliqué et l’homme blanc n’a jamais été esclave que de lui -même.

Je les entends déjà toutes ces cervelles moisies, toutes ces âmes fabriquées au parpaing creux et au mortier frelaté :

« C’était une autre époque, vous comprenez. Il faut laisser les mentalités évoluer. » Donnez- leurs le ciel et dans dix ans, on creusera sous terre pour s’abriter et ce ne sera même pas de leur faute.  

Je ne parle même pas de la condition de la femme qui n’était pas abordée dans ces soi- disant textes avant-gardistes qui ne l’étaient que pour l’aura puante de ceux qui les écrivaient. Si on avait voulu, si le grand homme des lumières avait réellement taquiné le sujet de son esprit révolutionnaire, la question raciale aurait été réglée depuis bien longtemps tout comme celle de la condition de la femme. Mais ça n’arrangeait pas forcement les intérêts de ceux qui finançaient les bouquins ou qui les achetaient par pleines charrettes pour diffuser le poison. Le noir pouvait bien attendre et la femme devait continuer à la fermer.

La seule lumière valable, c’était celle de l’or qui scintillait dans toutes les bourses. On n’est pas allé plus loin que ça et ça fait 200 ans que ça dure.

L’arnaque.

«  Oh c’est beau ! Oh c’est bien écrit ! Ça change de ce qu’on lit aujourd’hui ! Eux au moins, ils savaient manier la grammaire ! »

Le fond est puant, mais le lecteur occasionnel, il s’en fout du fond. La forme sonne à son oreille comme une douce mélodie qu’on lui a appris à aimer depuis son plus jeune âge. Son cerveau est éduqué pour absorber toutes les chansons que distillent en cœur, les maîtres de la masse respectable. Rien ne compte plus que la respectabilité pour le lecteur moyen. La respectabilité, c’est l’assurance de faire partie du groupe, le bloc fort du système qui écoute et accepte, mais qui ne réfléchit pas. Et pour ça, il faut rester consensuel. Dites-leur que RIMBAUD était un camé, partouzeur, homosexuel et trafiquant d’armes et ils vous accuseront d’avoir de la merde dans le cœur, eux qui ont appris LE DORMEUR DU VAL en boucle à l’école. La respectabilité, c’est l’assurance d’être accepté par tous les autres, c’est l’assurance de ne pas avoir honte devant la majorité qui laisse s’écouler le poison comme une rivière de feu à travers les murs de la ville. Personne pour se baisser et construire des digues pour détourner le poison.

«  C’est comme ça vous comprenez ! Tout ça, c’est bon pour les marginaux, les clowns, les artistes, les fous et les truands. Ils nous font bien rire. Laissez-les bien dénoncer la mélasse, ça peut toujours servir, mais j’en veux surtout pas dans la famille. »

L’esclave et la femme se sont révoltés un peu près en même temps. La lumière apparaît toujours à ceux qui la cherchent, ce qui est souvent vrai, en soi.

Les noirs ont brisé autant de chaînes qu’ils ont perdu de vies et les femmes ont commencé à se dévêtir pour provoquer, pour s’affirmer, en laissant de côté cette moralité stupide qui ne vit que dans une majorité de têtes qui se tolèrent l’horreur et la saloperie quand les lumières sont éteintes. L’homme, en général, n’a jamais été très courageux. L’obscurité a toujours révélé sa vérité et la lumière une tentative de sauvegarde de sa réputation.

Qu’aurait pensé le grand ROUSSEAU s’ils avaient vu tout ça. Imaginez le sous sa perruque à regarder des femmes diriger des hommes, décider de les aimer ou d’en envoyer une bonne partie au diable tout en se lovant sur leurs copines ?

Même si ça me fait un peu chier de le reconnaître, ROUSSEAU n’y est pas pour grand-chose. Faut bien le dire, faut rester honnête.

(fin de la première parte)

Ce texte est publié avec l’aimable autorisation de Philippe Azar.

© Philippe Azar – tous droits réservés, reproduction interdite.

Comments (2)

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    Olivier

    Un texte intéressant avec un point de vue qui paraît non discutable!
    Je pense qu’il faut apprendre à lire cet écrivain pour apprécier pleinement le style tranchant!
    Bravo

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    Philippe

    Bonjour
    Merci pour le com
    Mais vous savez tout reste discutable
    Tout dépend de quel côté de la croix gammée on se trouve.
    Bien à vous.

    Philippe

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